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17 juillet 2012 2 17 /07 /juillet /2012 16:12

 

Travaux et Industries :

 

Tout le travail de l’ouvrière est exécuté chez elle, au compte d’un patron, et à la pièce.

L’ouvrière monte des chemises d’hommes ou tire des fils. E dernier travail consiste à tirer, de place en place, à 1 centimètre de distance par exemple, un fil de chaîne de la toile destinée à former le devant d’une chemise. Quand tous les fils sont tirés, on rejoint, deux à deux, les espaces libres du fil de chaîne et on y place une couture. Il en résulte un tube de toile, qui, aplati par le fer à repasser, donne un pli d’un demi-centimètre de largeur. Ce mode de préparation a pour but de rendre les plis d’une largeur parfaitement égale.

Le tirage des fils n’est confié dans les ateliers qu’aux meilleures ouvrières ; c’est le travail le plus fatigant, mais aussi le mieux rétribué.

Avec la couture qui forme les plis des devants, le tirage des fils est payé, à Lille, dans les maisons où se fabrique la lingerie de luxe, à raison de 3 f 50 les cents plis. Aux ouvrières d’une habileté secondaire, on livre la toile des devants avec les fils tout tirés, de sorte qu’il ne leur reste plus à faire que la couture ; elles reçoivent alors 2 f 50 seulement les cents plis.

Le temps nécessaire pour tirer les fils et coudre 100 plis est au moins de 20 heures de travail. L’ouvrière consacrant 10 heures par jour à sa besogne, gagne donc 1 f 75 quotidiennement ; mais il y a lieu de déduire un quart de produit pour chômage résultant des déplacements et des maladies.

L’ouvrière consacre le dimanche au nettoyage de sa chambre, au blanchissage, à la confection et au raccommodage de ses vêtements et de ceux de son enfant. Elle est attachée depuis 13 ans à la même maison de lingerie, où elle a trouvé, sans interruption, pendant cette longue période, un travail payé aussitôt la livraison effectuée.

L’enfant, âgé de 7 ans, n’exécute aucun travail manuel ; il fait quelques commissions pour sa mère, ce qui présente pour celle-ci une économie de temps d’à peu près une heure par jour.

Un mariage pourrait la faire sortir de l’état d’isolement où elle se trouve, et lui rendre la vie moins pénible. Des propositions lui ont été faites, mais elle les a repoussées, dans l’intérêt de son enfant.

 

Mode d’existence de la famille

 

Aliments et repas :

 

L’ouvrière et son enfant font généralement quatre repas par jour, en y comprenant un goûter qui est d’usage dans le pays.

Le déjeuner, à huit heures du matin, se compose d’un peu de pain légèrement beurré qu’ils trempent dans du lait pur ou coupé d’eau de chicorée, et quelquefois dans du lait de beurre.

Le dîner, qui a lieu à midi précis, consiste en pain et légumes (le plus souvent des pommes de terre) auxquels s’ajoute parfois un peu de viande.

Autant que possible l’ouvrière met le pot-au-feu, deux fois par semaine, amis avec des morceaux de viande de qualité inférieure et en quantité trop minime pour qu’il en résulte un aliment suffisamment substantiel.

Le goûter, vers quatre heures du soir, ne comporte q’une tartine, longue et mince tranche de pain légèrement beurrée.

Enfin, le souper, qui se prend ordinairement à huit heures du soir, se compose, comme le déjeuner, de pain trempé dans du lait pur ou mélangé.

L’ouvrière ne consomme aucune boisson fermentée. La bière, breuvage du pays, est beaucoup trop chère, la première qualité coûte 25 centimes, la seconde 10 à 12 centimes et demi la canette (mesure égale à notre litre). Cette dernière boisson, dite petite bière, est généralement si faible, que les ouvriers du pays n’en consomment presque pas ; elle ne figure guère que sur la table des petits bourgeois où l’insuffisance de cette boisson est compensée par l’emploi du café et par une nourriture substantielle.

Il est regrettable que Sophie ne puisse faire usage de cette boisson tout à la fois tonique et nourrissante.

Le café ne doit être mentionné ici qu’à titre d’exception, et n’est pris que dans de très rares occasions ; si économiquement qu’il soit fait, son prix de revient est toujours trop élevé pour entrer régulièrement dans l’alimentation de l’ouvrière, qui même ordinairement à son lait une infusion de chicorée.

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