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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 09:08

suite

 

Fêtes religieuses et patronales

suite

 

Ces fêtes villageoises consacrées au Saint su lieu sont bien sûr à l’origine des rassemblements actuels qui ponctuent chaque année la vie des communes de notre région : citons entre autres, la Saint Pansard à Trélon, le fête des mouches à Avesnes, la fête des louches à Comines, la fête des Nieulles à Armentières, la fête des Berlouffes à Wattrelos… Autant de manifestations joyeuses qui associent cortèges de géants, dont je reparlerai, fanfares, banquets, bals et feux d’artifice.

 

Deux villes se sont particulièrement distinguées dès le Moyen Age par la qualité de leurs processions religieuses : Cambrai où la statue de Notre Dame de Grâce est installée sur un char triomphant et surtout Lille avec l’hommage rendu à Notre Dame de la Treille. Le culte naît à Lille au XII°siècle, dans une petite chapelle près du château de la Salle, où la statue de la vierge était protégée par une petite treille de fer. En 1270, la Comtesse Marguerite institue la procession de Notre Dame de la Treille, qui part de la collégiale Saint Pierre et fait le tour des remparts, le deuxième dimanche après la Pentecôte. A cette époque les réjouissances durent neuf jours, suspendant même l’action des tribunaux. Le magistrat ordonne aux habitants de nettoyer, d’orner de tentures les façades des maisons, et le dimanche après la messe solennelle à Saint Pierre, le cortège se met en marche à 9 h 00.

 

Défilent alors sur un parcours immuable les corps de métiers avec leurs enseignes et Saint Patron, les quatre serments (archers de Saint Sébastien, arbalétriers de Saint Georges, escrimeurs de Saint Michel, canonniers de Sainte Barbe), accompagnés par les trompettes de la ville, le clergé séculier et le chapitre de Saint Pierre entourés de chars de triomphe, portant reliquaires et statues, et enfin, sous un dais « La Bonne Fierté » couronnée de roses.

 

Cette cérémonie prend très vite un caractère plus profane avec l’introduction dans le cortège et aux abords de musiciens, de jeux et spectacles populaires et de libations mémorables.

 

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procession 1787.

à suivre

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 00:00

 

 

Mille ans de fêtes à Lille

 

Certains clichés ont la vie dure et sous prétexte d’un climat parfois plus rude, ce qui reste d’ailleurs à démontrer, et d’une industrialisation importante, les terres du Nord paraissent peu avenantes vues de Paris ou d’autres régions. Pourtant c’est bien ici qu’on fait le plus la fête depuis toujours !

« Nulle part plus qu’à Lille, on aime les fêtes, les réjouissances locales »

Cette affirmation de l’historien du XIX° siècle Alexandre de Saint Léger pourrait effectivement s’appliquer à l’ensemble de notre région. Du Moyen Age à nos jours, du Littoral à l’Avesnois, de la  Picardie à la Belgique voisine, les Flamands, les Picards, les Artésiens, les Wallons ont toujours su s’amuser, se rassembler dans les rues, dans des estaminets, pour défiler en cortèges hauts en couleurs, pour banqueter à l’infini, pour chanter et danser, le tout dans une grande débauche de rires et de musique.

 

A chaque siècle, de nouvelles formes de fêtes se greffent sur les anciennes, qui retrouvent aussi dynamisme et vitalité. Evoquons les principales :

 

Fêtes religieuses et patronales

 

A l’origine bien sûr, les fêtes à Lille comme partout ailleurs sont d’abord religieuses, qu’il s’agisse des fêtes calendaires ou des fêtes des Saints, des processions dédiées au Saint Patron de la commune quiu durent parfois plusieurs jours.

 

Ces rassemblements annuels – ducasses en wallon, kermesses en flamand – ont évolué dans le temps en perdant leur caractère religieux, pour devenir une énorme réjouissance collective, car la ducasse c’est d’abord un régiment de tablées que la bière et le genièvre arrosent interminablement et comme dit le proverbe picard « Eun’ducasse sans tarte, ch’est eun’fête ed’zous l’pfeufe ».

 

 

par Guy Le Flécher, à suivre

 

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 09:08

WAZEMMES à LILLE

Au centre de la miniature, l’église paroissiale en briques et couverte de tuiles pour l’essentiel : vaisseau sud avec lucarnes dans le toit, fenêtre sous auvent marquant peut-être une chapelle accompagnée de chaque côté d’une autre fenêtre plus petite ; chevet à trois pans ; à l’arrière, éléments d’autres vaisseaux dont il est difficile de préciser s’il s’agit du chœur ou d’une chapelle vue en développé ; tour polygonale assise sur la première travée de la nef principale, coiffée d’une flèche de charpente couverte d’ardoise.

 

Cette église se trouve entourée de deux chemins et environnée de marécages dont l’eau verte baigne à droite et à gauche la base des habitations, parmi lesquelles sans doute la cense de l’évêque de Tournai.

 

A proximité de l’église et à droite, grosse maison de style Renaissance en briques  et pierre et couverte de tuiles, à pignons à pas de moineaux ; une tour se profile derrière coiffée aussi de tuiles. Est-ce là un bâtiment appartenant à l’hôpital Saint-Nicolas ?

 

A l’horizon, en avant dernier plan et sur la droite, la ville de Lille, on voit nettement la Porte de la Barre et les terrains sur lesquels Vauban installera la Citadelle.

 

Rattachée à la ville de Lille en 1858, Wazemmes s’est industrialisée à outrance et a perdu tout son caractère. Déjà cependant à la Révolution son église avait été détruite et l’emplacement constituait la place de la Mairie. La place du Marché aux chevaux (place Philippe de Girard), la rue Nationale, l’ancien couvent des carmélites devenu école privée (Blanche de Castille, actuellement lycée européen Thérèse d’Avila), sont les lieux actuels où se dressaient l’église et la cense de l’évêque.

 

 

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Wazinne. - Vue prise du sud : tirée de l'album de Croÿ

 

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 09:06

Voix du Nord 1963

CARNAVAL

 

 

Carnaval : Flasque bergamasques, défilés multicolores bigarrés des sociétés locales aux noms pittoresques,

cèdent le pas devant le conformisme.

Le carnaval fait une entrée discrète, les commerçants de la rue Léon Gambetta ont invité 100 Gilles.

 

- « Ce qui caractérisait d’une manière très originale le carnaval de Lille, explique Desrousseaux dans son livre sur les « Mœurs Populaires de la Flandre Française », c’était l’habitude qu’avaient les ouvriers de se constituer en sociétés afin de processionner soit à pied soit sur des chars dits « de triomphe » le dimanche de Mardi-gras et le jour de « laetare » précédés de tambours, d’un tambour-major, et de musiciens instrumentistes pour chanter et vendre des chansons écrites en patois ».

Et l’écrivain de citer les noms de quelques-unes de ces sociétés de joyeux drilles dont la bonne humeur et l’heureux naturel étaient l’unique credo : «  les bons vivants », « les sans chagrins », « les bons buveurs », « les francs-jurons », « les avale-tout », « les bois-sans-soif », « les enfants de Bacchus », « les becs-salés », et aussi … « les mal-mariés », lesquels, paraît-il, étaient très nombreux…

 

« Chansonnades » d’autrefois

 

Ces cortèges « parés et masqués » popularisaient des chansons qui, primitivement s’attaquaient à la moralité des gens de mauvaise vie, dénonçaient les auteurs de scandales privés, ou ceux qui avaient commis quelque criante injustice.

Souvent l’on représentait les personnes « chansonnées » par des mannequins que l’on « bernait » sur une couverture à chaque coin de rue : comme la chanson qui les fustigeait ne pouvait mentionner leur nom on évoquait celui-ci par un symbole fiché au bout d’un bâton : Monsieur Héreng se voyait représenter par … un hareng frais et Monsieur Sauret par un hareng saur, tandis qu’un oiseau figurait … Monsieur Loiseau et un merlan  « merlin » en patois) le pauvre Monsieur Merlin.

Et la troupe déchaînée entonnait à la fin de la chanson le refrain :

« Si vous voulez sin nom, faut vettier (regarder) au bout du bâton ».

Puis, nous di-on, ces chansons de Mardi-gras se firent moins agressives, se bornèrent à retracer des scènes populaires, des faits de l’actualité.


Aujourd’hui, elles ont complètement disparu des usages et le folklore lillois y a perdu bien de son charme.

On rapporte aussi qu’à Lille, en Flandre et dans le Hainaut, la célébration du carnaval ne tombait pas nécessairement le jour du Mardi-gras ou le dimanche qui le précédait. Souvent, cette fête se situait  hors du « cycle » traditionnel –que les uns fixent entre « les Rois » et « Pâques », que d’autres restreignent de la Mi-Carême au Mardi de Carnaval et qu’on nommait à Lille « les Camériaux », « Quaresmiaulx » à Dunkerque et Caresmeaux » à Cambrai.

On choisissait une période plus ensoleillée, plus favorable au déroulement des festivités sur la voie publique et l’élément attractif dominant de ces réjouissances était constitué par la « Promenade des Géants ».

 

A Lille :Lydéric et Phinaert, Jeanne Maillotte, Marie Gagenon, à Douai : Gayant., à Cassel on frappait les passants avec des vessies de cochon gonflées en promenant Papa et Maman Reuze. A Hazebrouck on paraît le char du Noyer d’où l’on jetait des noix en souvenir d’une querelle de voisinage. Avant 1827, à Douai avait lieu la marche des pimperlots qui narguaient les mauvais ménages et obligeaient les époux désaccordés à embrasser un singe en bois.

Gayant ne sortait que le jour de la saint Maurand. A Valenciennes on immergeait une effigie de Pancha Brouette… polichinelle poussant son ventre sur une brouette, plus tard on fit brûler un Malbrouck sur la place publique pour célébrer la mort du Carnaval.

Aujourd’hui restent les bals privés ou de société et un Carnaval de quartier : Rue Léon Gambetta.

 

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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 00:00

Les Moulinois auraient-ils l’esprit de clocher ?

 

   Il est des habitants du quartier de Moulins qui décidément ne se résignent pas à voir disparaître leur clocher, le clocher de cette église Saint Vincent de Paul , aujourd’hui désaffectée , fermée et condamnée à être rasée, au milieu de cette place Déliot qui devrait, un jour, accueillir un moulin.

 

   Le lieu de culte s’est transporté, depuis quelques mois, à l’intérieur de la « Filature », autrefois usine Le Blan. L’ancien édifice n’est plus utilisé, il est vide et l’on a même commencé à démonter des vitraux, mais ces Moulinois qui ne veulent pas que le bâtiment disparaisse ont déjà réagi. C’est ainsi qu’une pétition a circulé et a recueilli plus de deux cents signatures. C’est ainsi qu’un « Comité Saint-Vincent-de-Paul, Moulins-Lille » sur le point de se transformer en association selon la loi de1901, s’est adressé au au maire en la personne de son chef de cabinet, pour qu’il empêche toute démolition.

 

   Les défenseurs – un peu tardifs, il faut bien le dire – de Saint-Vincent-de-Paul, font valoir que l’église construite en 1841 est un témoin du passé  au même titre que bien des vieilles pierres que l’on réhabilite à grands frais. Un témoin de la vie ouvrière dans une banlieue que la grande ville ne tardera pas à annexer, en 1858 : 

 

« C’est un vestige historique du passé, elle figure la période de Lille extension, de l’essor industriel de la ville ».

 

   Parmi ces défenseurs de l’église, un notaire, un avocat et puis un architecte qui s’est penché sur l’utilisation éventuelle qui pourrait être faite de bâtiment. Il propose parmi d’autres propositions de l’aménager en béguinage : sur trois niveaux on pourrait agencer dix-huit logements du type F2 dont il a déjà tracé les plans. Le bâtiment proprement dit serait peu affecté, il s’agirait essentiellement d’aménagements intérieurs, dans la nef centrale… On réhabilite bien des « cathédrales industrielles », pourquoi pas des églises qui, elles aussi, portent témoignages d’une époque ? C’est en tout cas la position du comité qui espère bien pouvoir la développer devant le maire de la ville.

 

   Et le moulin dont celui-ci rêve ? Ce n’est pas un problème dit-on : il pourrait être mis sans problèmes place Vanhoecker.

 

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article de La Voix du Nord du 19 juillet 1983

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 09:27

L' PREMIER AUTOMOBILE A TARTAGROBORR

 

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- Eh ben ! dit Mélie, les v’là bien qui vienn’tent ichi, à pied, encore !

- Si on leu’ j’t’rot des briqu’s après leu’ tiète, s’écrie Clachiron l’cordier qui, toudis prudent et grâce à s’petite talle, s’cachot derrière Julie Monpays qu’elle est pus grosse qu’un tonniau ?

- A quoi qu’cha servira, répond l’grande Cath’rine, si ch’est des démons, i’s n’sintiront rien.

 D’ leu’ côté, les gins de l’voiture, n’se doutant point de lm’ peur qu’i’s faijott’nt, mais intrigués d’vir tant d’monde rassemblés, n’avainchott’nt qu’à p’tits pas et i’s étott’nt peut-ête à trinte mètes des plus francs bougres d’Tartagroborr, quand eune clameur extraordinaire r’tintit :

- Ah ! …. Lez v’là !....

L’auteur ce cheull’ clameur, vous l’avez d’viné, ch’étot Courhamais l’garde champête, qui peut s’dire, comme l’Chevalier bayard, « sans peur et sans reproches ». L’képi su’ l’orelle, l’sabre au clair, seul, i’s’avainche au d’vant du couple, arrêté d’puis quèqu’s minutes et, à quinze pas d’eusse, i’ fait eun’ sommation :

- Qui êtes-vous ? D’où v’nez-vous ? Où allez-vous ? Que faites-vous ? Où d’meurez-vous ?

L’aute quoique étonné, à répondu à tous les questions : J’me nomme Vabienvite, fabricant d’vélocip^ètes et d’automobiles à Lille, d’uch’ qie j’viens et j’vas à Tartagroborr vir monsieur Babenne, l’Maire.

- Quoi ! vir l’maire avec eun’ mécanique comme chas, avec eun’ voiture sans qu’va, au nom d’la loi, vous n’passerez point, s’écria Courjamais in v’nant violet d’colère.

-Mais la loi n’m’impêche point de m’pourmener avec un automobile, j’suppose !

- Automobile ! Automobile ! répond l’garde champète qui n’compernot point ch’mot pa’ l’bonne raison qu’i’ n’ l’avot jamais intindu prononcer. Automobile !

- Eh ben ! Awi, automobile, ajoute l’aute.

- Automobile ! Et, tout en répétant pou’ l’quatrième fos ch’mot, l’brave agent de l’ force publique, mettot sin minton dins s’main gauche.

Ah ! j’y suis, qu’i’ s’écrie tout d’un cop, monsieur, excusez, ch’est biète un paysan qui n’lit point l’journal.

Et, se tournant vers les Tartagroborriens et Tartagroborriennes qui, un peu à l’fos, s’étott’nt approchés, ‘i’ leu crie : Au nom de la loi, laichez passer tranquill’mint ch ‘monsieur et cheull’ dame, qe’elle est étraigère, elle vient d’un pays uch’ que les gins sont app’lés automobiles, qio sait, ch’est p’t-êts in Russie.

Alors, vous m’cropirez si vous vodrez, les figures des femmes comme cheull’s des hommes ont cangé d’couleur, l’frayeur a fait plache à l’joie, si j’ose l’dire ainsi et, dix minutes après, l’machine réparére traversot l’villache et point un habitant de l’ver s’casquette in l’air et d’vrier : Vive Automobile ! Vive la Russie !

- Dit’s incore qu’on est in r’tard au villache, surtout à Tartagroborr.

Cath’rine LONBIEC

 

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Photo Carlos Bocquet

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 09:15

 

Comment un voyageur de 1759 vit la « singulière Guinguette »

 


Le bâtiment a environ cent et trente pieds de longueur sur quarante et quelques pieds de largeur. Au rez-de-chaussée est un corridor qui le traverse tant en long qu’en large. Le corps du bâtiment est de treize croisées tant du côté de la cour que du jardin. Celui du milieu fait avant corps en pierre blanche, avec un balcon de fer ornements dorés et un fronton ; le reste du bâtiment est en briques mais tout peint en blanc et noir, six croisées de chaque côté sont pour quatre grandes chambres du côté jardin autant que du côté de la cour ; ces chambres sont fort grandes et peuvent tenir plusieurs compagnies : au-dessus de ces huit places et des corridors règne un grand salon de treize croisées de chaque côté.

 

Sur les côtés de ce bâtiment est une aile de six croisées chacune, mais comme elles ne contiennent qu’environ la moitié de la largeur du bâtiment du milieu, cela fait arrière corps pour l’étage d’en haut et laisse par conséquent une terrasse de dix à douze pieds où on peut se promener, mais l’étage de dessous est à la même largeur que le bâtiment du milieu, les coins sont arrondis et sous cette terrasse il y a des chambres pour des compagnies.

 

Sur les deux bouts de la terrasse, on trouve une rampe par laquelle on peut monter à cheval ou en voiture à l’étage de dessus qui est entouré d’une balustrade de même que la rampe sous laquelle il se trouve aussi des petites chambres et au plus bas de la rampe, ce sont des latrines ; aux quatre coins de la terrasse est un petit cabinet octogone en pierre blanche, trois châssis et une porte vitrée de deux étages, le dessus en manière de dôme avec des filigranes pour des volières Comme les deux arrières corps du bâtiment ne forment que des petites chambres et ainsi d’une hauteur proportionnée il y a deux étages pour revenir à la hauteur du salon, ce qui avec le rez-de-chaussée fait trois étages pour l’arrière corps.

 

Ce bâtiment est d’un grand coup d’œil et d’un aspect qui frappe : il est tout peint à l’huile de même que les cheminées, les trumeaux sont assez étroits sauf celui du milieu pour le passage des cheminées. Comme j’ai eu le temps de bien examiner le tout j’ai croqueté le dessin tant du bâtiment que du jardin, il suppléra à ce qui manque à mon explication.

 

Une arche de triomphe

 

Le jardin, comme on voit est une double étoile avec une croisée, le nombre des cabinets de verdure est prodigieux ; on en compte environ trois cents malgré le terrain qui est mis en chemin pour la promenade.

 Le corps de logis qui est de treize croisées n’est qu’une seule pièce, il l’a ainsi pratiqué de même que celles d’en bas qu’il a tenu plus grandes, parce que dans les plus beaux jours le temps peut changer et les compagnies qui se trouvent dans les cabinets de verdure ne sauraient où se réfugier quand il survient des pluies si tout était mis en petites pièces. Du reste le nombre de ces petites chambres est assez considérable pour contenir bien du monde.

On prétend que l’hôte y a déjà bien mis 50.000 florins, ce que l’on n’aura pas de peine à croire si l’on considère que son bâtiment présente de chaque côté une façade de 25 croisées à chaque étage, tous châssis à petits bois. Dans les beaux jours, lorsque les terrasses sont garnies de monde, on prendrait son bâtiment pour un arche de triomphe, il faut qu’il ait tous les jours bien du monde pour retirer ses frais, on prétend que son terrain qui ne contient qu’environ un bonier et demi et qui appartient à un hôpital lui coûte 200 florins par an Il lui faut des gens pour servir, un pâtissier, outre l’entretien du bâtiment et des jardins car je doute s’il se louera de ces terrasses, il a aussi un suisse à la porte pour l’arrangement qu’il s’est proposé ; en entrant, on lui paye six sous par tête à chacun desquels il donne un billet ; ces billets vous sont évalués sur la dépense que vous faites comme si c’était autant de pièces de six sous, on paye l’excédent en argent et lorsque vous avez fait votre décompte avec l’hôte, il vous donne un autre billet ou cachet qui fait connaître au suisse que vous avez payé et vous le lui laissez en sortant.

 

Cet homme se propose pour attirer plus de monde de donner des concerts et même la comédie dans son grand salon, mais il ne veut point avoir d’autre lit que le sien pour éviter le désordre et empêcher qu’il n’arrive des aventures qui passent la raillerie.

 

Le samedi 4 – Jour de la saint Dominique nous fûmes à la messe chez les religieux de ce nom où il y avait belle musique de chœur en faux bourdon, leur église est une des plus belle de Lille ; la chapelle des dominiquines est fort propre mais petite, les minimes plus tôt une salle qu’une église, pitoyable.

Le quai, l’esplanade avec son canal, le manège, le but pour les canonniers, la citadelle, le magasin au grain. Nous vîmes aussi le quartier des états. Il consiste en 4 5 pièces toutes lambrissées en blanc, des glaces aux cheminées. La salle principale est une grande pièce, le plafond peint, un parquet, tous les fauteuils en tapisserie. Ils se proposent de mettre des tableaux et des trumeaux de glace.

 

Le dimanche 5 – Moyennant une pièce de douze sous, un homme vient vous éveiller à 3 heures du matin et répand des airs, cela fait une manière de petit emploi. Nous partîmes à quatre heures précises dans une petite voiture en gondole où on est six, fort gênés, elle est tirée par quatre chevaux, nous arrivâmes à Douai, il n’était que sept heures et demie.

 

  aventure

 

                                            extrait du journal "La Lilloise" document de Mme Milon-Seghers

 

 

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 00:00

 

Comment un voyageur de 1759 vit la « singulière Guinguette »

 

Le texte en question est assurément peu connu. Il fut révélé en 1892 par un participant au treizième congrès national des sociétés de géographie qui se tint alors à Lille et fut publié avec les actes de ce congrès sous le titre « de Mons à Lille et à Paris en diligence. Fragments du journal d’un voyage fait à Paris en 1759 : extrait du manuscrit original, par le Baron Jules de Guerne, membre de la société de géographie de Lille ».

 

Qu’est devenu aujourd’hui ce précieux manuscrit ? Nous l’ignorons.

 

Voici donc les pages qui concernent « la Nouvelle Aventure » et la ville, mais l’on constatera que seule la guinguette a véritablement retenu l’attention du mystérieux voyageur qui, le jeudi 2 août 1759, quitte Tournai pour Lille.

Laissons lui la parole :

 

Nous partîmes vers les dix heures par une voiture qui ne vous conduit qu’aux confins des deux états, la voiture de Lille vient vous y prendre, celle qui arrive la première attend l’autre, on décharge le bagage dont ils font une manière de troc et chaque voiture retourne d’où elle est venue, ce qui est bien incommode, de même que l’heure d’arriver à Lille qui est vers trois heures.

 

Nous fûmes tout de suite à la diligence de Paris qui devait partir le lendemain pour détenir nos places.  Il s’en trouvait cinq de retenues en sorte que nous fûmes obligés de rester encore deux jours à Lille. Nous nous fîmes inscrire tout de suite et nous eûmes les deux premières dans celle qui devait partir le dimanche 5. On paye 30 tt de France par tête pour assurer la place. Cet argent est perdu si vous ne vous rendez pas à l’heure précise, et en montant vous ajouter 25 tt outre un écu de 6 francs pour la nourriture et quatre sous de la livre pesant des votre paquet à la déduction de dix livres par personne.

 

Comme il était encore à bonne heure nous fûmes promener dans le faubourg où nous vîmes quelques guinguettes, de là au jardin du gouverneur qui est à la contrescarpe, c’est un pavillon carré, un beau touffu d’arbres pour la promenade, dans le fond un cabinet en treillage et quelques terrasses ornées de grands vases de faïence en blanc.

 

Saint-Etienne « ancienne et laide »

 

Le vendredi 3 – Nous fûmes à Saint-Etienne, c’était la fête de l’invention. L’église qui est grande, ancienne et laide était fort ornée, il y avait grande musique.

Nous allâmes ensuite aux Jésuites qui passe pour la plus belle église de la ville, elle n’est cependant pas réussie. On ornait le chœur en marbre et dorures, il sera fort brillant.

Nous passâmes aux Carmes chaussés dont l’église après avoir nombre d’années vient enfin d’être finie. Les colonnes sont en ordre corinthien et tout annonçait une des plus belles églises, mais le défaut de facultés les a obligés de mettre le toit sur la corniche en sorte qu’il n’y a pas de vitres en haut ce qui la rend défectueuse.

 

 

 

 

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                                                                               la préfecture en 1875

 

Après le dîner nous fûmes promener au faubourg Notre-Dame pour voir une grande maison à usage de cabaret à laquelle on travaille encore, dont nous avions entendu parler et qui fait l’admiration ou l’étonnement de tout Lille.

On la nomme  la Nouvelle Aventure, il est certain que l’imagination en est singulière et je doute qu’on en ait bâti ailleurs d’aussi considérable.

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 17:17

 

                                  ESQUERMES la rustique

 

Parcourue en tous sens par les eaux de l’Arbonnoise, la petite commune d’Esquermes résista longtemps au courant industriel venu de Lille.

Là régnaient l’eau et l’arbre, les parcs profonds où se nichaient les maisons de campagne des bourgeois lillois (propriétés de Gennevoise, Bigo-Danel,

de la société Saint-Joseph…) les bras de rivière où l’on circulait en barques plates : et il fallait se coucher quand on passait sous les ponts bas :

les cygnes vivaient là librement.

 

Le cœur d’Esquermes c’était la rue de Lille (actuellement rue d’Esquermes) avec l’église Saint Martin. Quoique de caractère bourgeois, Esquermes comptait quelques rues ouvrières (Canteleu, des Bois-Blancs, sentier de Lille, rue des Rogations) avec des courettes et leurs taudis.

 

Cependant, malgré l’installation de quelques industries importantes (sucrerie de Bigo-Danel, filature de Thiriez), Esquermes qui groupait 1.298 âmes en 1804, n’en avait encore que 2.500 en 1850, 3.731 en 1856. En 1800, on l’assimilait aux communes rurales.

 

 

21-01-2013-1706-03

 

Les ateliers de l'usine Thiriez

 

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 09:13

Imprimerie Nouvelliste-Depêche

rue du curé Saint Etienne,9 bis

1892

 

 

 

La Noble Tour est le seul débris des fortifications de Lille au moyen âge ; découronnée de ses créneaux, enfouie sans le sol jusqu’au niveau du premier étage, elle ne donne plus aucune idée de ce qu’elle fut jadis. Il est question de la dégager, de la restaurer complètement et d’y installer un musée d’artillerie.

 

Les portes de Roubaix et de la Madeleine, avec leurs créneaux, leurs briques vernissées, sont très pittoresques. Ce sont d’excellents spécimens d’architecture flamande au temps de la domination espagnole.

 

 

porte-roubaix.jpg

 

Les établissements de bienfaisance sont nombreux à Lille. Le plus beau est le somptueux hôpital Sainte Eugénie (la Charité officiellement en 1892), bâti sur les plans de M. A. Mourcou, de 1866 à 1873, les malades ne sont accueillis qu’à partir de 1877 dans l’aile ouest (droite) gérée par les Facultés Catholiques,  l’hôpital Saint Roch ferme alors ses portes ; en 1879 les malades sont accueillis par les Facultés d’Etat dans l’aile est.

 

L’hospice Comtesse et l’hôpital Saint Sauveur, fondés au XIII° siècle par Jeanne de Lille, comtesse de Flandre, ont subi depuis de nombreuses transformations, mais certains détails de leur architecture méritent l’attention.

 

 

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à gauche l'hospice Comtesse, à droite l'hôpital Saint Sauveur

 

 

 

 

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