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16 août 2013 5 16 /08 /août /2013 15:55

Selon leur exposition, les logements peuvent recevoir quelques heures par jour le soleil, certains sont toujours à l’ombre, dans notre région le soleil n’est pas présent tous les jours et les cours en bénéficient très peu.

En été, les cours se terminent en cul de sac, enfermées dans leurs grands murs, elle ne bénéficient d’aucun courant d’air, l’atmosphère y est très lourde, les odeurs désagréables remontent du sol, les eaux usées, sales, sèchent au soleil survolées par des nuées de mouches et de moustiques.

LES ELEMENTS DE CONFORT

Ces logements n’ont pas l’eau courante, tous se ravitaillent au point d’eau commun dans le fond de la cour, jadis c’était une pompe. Il arrive que pour réduire les frais de raccordement le robinet se trouve au débouché du couloir… robinet simple, en cuivre, rutilant à force d’usage, habillé de paille ou de chiffons l’hiver pour le protéger du gel, les plus grandes courées peuvent parfois posséder 2 points d’eau.

Ces logements n’ont pas de W.C. à l’intérieur ; on trouve une baraque en bois, très simple, au fond ou au centre de la cour, les enfants jouent autour. Dans les courées plus importantes on trouve parfois 2 ou 3 W.C. côte à côte.

Tout ce qui ne trouve pas place à l’intérieur du logis est accroché à l’extérieur : bassines en galvanisé ou plus tard en plastique, balais et autres ustensiles.

Dans les courées où les maisons sont d’un seul côté, on a installé des remises faîtes de matériaux hétéroclites et de récupération sur le mur opposé.

Ces remises servent à la fois de garage à bicyclette, de buanderie, de réserve à charbon et parfois aussi de basse-cour avec quelques poules et lapins.

Les cours sont communes et certaines ont un petit trottoir carrelé, toutes ont des fils tendus à travers l’espace central afin de faire sécher le linge par temps sec…

Lorsqu’il pleut, les eaux se rassemblent au centre de la cour et coulent vers l’extérieur par une rigole ; ces eaux de pluie se mêlent aux eaux usées et entraînent vers la rue les détritus, mais il reste toujours un filet d’eau boueux et blanchâtre, nauséabond en été…

LA VIE COMMUNAUTAIRE

Cet espace clos oblige les riverains à une vie communautaire ; il faut pour que la cohabitation soit possible, un minimum d’organisation : les ménagères doivent s’entendre pour faire leur lessive alternativement, il y a toujours du linge accroché dans la cour… il faut s’organiser pour nettoyer les W.C. chacun son tour, sortir les poubelles, balayer la cour etc…

Les habitants se côtoient sans cesse, qu’ils rentrent, qu’ils sortent, ils sont obligés de traverser la cour, cette promiscuité entrave la vie familiale, l’intimité est envahie par le voisinage mais aussi par l’exiguïté. Les enfants sont témoins, ils partagent la chambre des parents, ce milieu développe chez l’enfant un climat défavorable et malsain et entraîne un dérèglement.

C’est dans ces cloaques insalubres que se développe la délinquance juvénile et que s’organisent les bandes. Mais c’est aussi le terrain propice où se développe les épidémies, maladies, les enfants ont des visages terreux, la mortalité infantile est très élevée.

Voilà le tableau de la misère anonyme, discrète de ces courées. Si 40 ans après l’annexion (1898) Monsieur Féron-Vrau pouvait déclarer « rien n’est changé pour les ouvriers » qu’en est-il aujourd’hui en 1968 ? Certaines de ces courées sont abandonnées, rasées ou éventrées. Certaines sont devenues la propriété des riverains et se sont améliorées mais il reste encore beaucoup trop de ces boyaux sordides ou la laideur et la crasse sont insupportables.

Beaucoup de familles nombreuses s’y trouvent encore mais l’essentiel des locataires est composé de vieux ménages, attachés à l’endroit où ils sont nés, ont vécu et qui ont l’avantage de payer un loyer très faible.

En fin beaucoup d’étrangers (Nord-africains) se sont installés à leur tour)

Cour de la gaieté, rue de Flandre, famille en tenue de fête

Cour de la gaieté, rue de Flandre, famille en tenue de fête

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