Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 09:23

Lille : 10 siècles d'histoire

                                                                                                                                                                                                            suite ...

 

 

Ce n’est pas que les membres de l’assemblée ignorent le sort des travailleurs lillois. L’enquête d’Adolphe Blanqui, en août 1848, avait été, de ce point de vue, instructive ; d’autantplus que, pris à parti par le ministre de l’intérieur Vaisse (l’ancien préfet du Nord) qui contestait ses assertions, Blanqui était retourné à Lille (février1851) accompagné de Pierre Bonaparte, d’Emile de Girardin et de Victor Hugo dont le témoignage reste à jamais gravé dans les vers connus des Châtiments : « Caves de Lille, on meurt sous vos plafonds de pierre ».

 

Mais les députés - répugnant à des mesures sociales de base – préfèrent laisser Anatole et Armand de Melun mettre en place leurs « lois charitables » et notamment la loi du 13 avril 1850 sur les logements insalubres, loi qui, dans son application, par la constitution d’une Commission municipale des logements insalubres, aura à Lille quelques résultats.

 

En vérité, la majorité de l’Assemblée craint les ouvriers. Et c’est cette crainte, qui le 31 mai 1850, l’amène à voter une loi qui, en obligeant tous les citoyens à justifier de trois ans de résidence dans la commune par le paiement d’une cote personnelle, fait passer le nombre des électeurs lillois de 15.058 à 4.524 et enlève leurs voix à 85 % des électeurs de Saint-Sauveur.

 

La zone de manœuvre de la démocratie-sociale e réduit comme une peau de chagrin. A Lille, tandis que les ouvriers continuent à subit les fluctuations de la conjoncture, le tribunal correctionnel condamne à huit jours de prison des ouvriers qui ont crié : »vive la république démocratique et sociale ! ». Le  Messager subit deux fois des poursuites de presse et constamment les assauts des catholiques de la Liberté ; le préfet patronne une Association anti-socialiste à laquelle adhèrent des manufacturiers comme Mille-Mimerel, Auguste Longhaye, Scrive-Labbé, Emile Verstraete … Dès le 27 janvier 1849, le préfet peut écrire : « Il n’existe plus de clubs dans le département  ».

 

La solidarité républicaine de Lille disparaît cette année-là. Accablée par ses adversaires bourgeois, la coopérative « l’Humanité » succombe sous les tracasseries. Elle ne survivra guère au coup d’Etat.

 

Au Conseil municipal, les treize démocrates en sont pratiquement réduits à l’obstruction ; à partir du 17 août 1851, ils n’y paraissent plus. Bonte-Pollet est décidément gagné à la réaction. Il y a pire : au Conseil des prudhommes, qui propose une politique industrielle du plein emploi et de planification, les industriels rétorquent en refusant « la politique qui veut se mêler d’une chose qui devrait rester toute industrielle ».

 

Quand Louis-Napoléon le 2 décembre 1851, instaurera le pouvoir personnel, la liberté sera déjà moribonde à Lille ; les pauvres se seront tus.

 

                                                                                                                                                                      d'après P. Pierrard

 

26-03-2013-1718-59.jpg

 

 

La Grand'Place, au milieu du XIX° siècle, est vue de la rue Esquermoise.

On remarquera que les maisons qui se trouvent dans l'alignement de la Grand-Garde,

vers la Bourse, comportent encore des vestiges de la Halle échevinale du XVI° siècle.

 

                                                                                                  (La France en miniature, Musée Comtesse)

Partager cet article
Repost0

commentaires