LA DUCASSE DE WAZEMMES suite

Aujourd’hui, Wazemmes n’est plus qu’un quartier de Lille, mais c’est un quartier qui a gardé son originalité et qui, à lui seul, possède tous les éléments d’une grande ville.

La partie de la rue Nationale qui est sur cette paroisse contient quelques-uns des plus beaux hôtels de Lille, la rue Notre-Dame (rue Gambetta) est une rue marchande, à l’égal de la vieille rue de Paris, un marché aux chevaux (place Philippe de Girard), des halles immenses, des marchés spéciaux : place des quatre chemins( de la Solidarité), non seulement suffisent à assurer au quartier une vie particulière, mais encore attirent souvent les habitants des autres quartiers.

Ce quartier abrite, dans les rues de Flandre, de Juliers (Jules Guesde), et quelques autres, une population étrangère curieuse et intéressante à étudier, sympathique souvent, et qu’on se représente trop aisément comme violente sur le bruit de quelques brutalités qui y éclatent quelquefois, lorsqu’un repris de justice qui a passé la frontière vient se cacher au milieu des Belges, pauvres mais laborieux, qui ont ici trouvé asile.

Si Wazemmes s’est fondue avec le vieux Lille au point qu’une personne non avertie aurait quelque peine à indiquer les anciennes démarcations, ce quartier a cependant gardé tous les éléments constitutifs d’une vie indépendante, et pourrait se suffire à lui seul. L’annexion, loin de l’appauvrir, l’a enrichi, quelquefois malheureusement un peu au détriment des autres quartiers.

Cette paroisse est, d’ailleurs, et de beaucoup, la plus peuplée de Lille, puisqu’elle compte plus de 40.000 âmes. Aussi conçoit-on que ce quartier important prenne l’initiative de relever les anciennes fêtes paroissiales. Aucun autre ne dispose de plus d’éléments et ne peut faire plus grandement les choses.

Nous avons dit en débutant quels seraient les nombreuses récréations que les paroissiens de St Pierre St Paul s’offriraient à eux-mêmes aujourd’hui et offriraient au nombreux public qui voudra aller partager leur joie, ajoutons que la place de la Nouvelle Aventure, transformée en un véritable champ de foire, plus complet, plus varié que celui de la foire de Pâques au boulevard des Ecoles (J.B. Lebas), exercera aussi son attraction sur les nombreux Lillois qui voudront y aller chercher un avant-goût de la grande foire du 26 août.

Ils y trouveront les marchands de pain d’épices, les tourniquets et loteries, nacelles américaines, tirs mécaniques et autres, marchands de beignets et de pommes de terre frites qu’on voit à toutes les ducasses, mais il y trouveront en même temps cinq ou six manèges de chevaux de bois, des saltimbanques au théâtre des Menus Plaisirs, au théâtre Flavigny, à la Galerie des Merveilles, voire même une ou deux grosses femmes et, qui plus est, un petit cirque, ce qui est moins ordinaire et dont, jusqu’ici, de toutes les ducasses de quartier, celle de Wazemmes a seule, le privilège.

En applaudissant au zèle déployé par les organisateurs de la fête d’aujourd’hui, réitérons nos vœux pour que la pluie, dont nous sommes gratifiés depuis bientôt trois mois, sans interruption, ne vienne rien gâter, afin que le petit commerce puisse bénéficier largement de ces quelques joyeuses journées.

LA RUE NATIONALE (fin du XIX° siècle)