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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 18:16

Un ciel gris, une histoire cruelle l'ont amené à vivre "à l'intérieur"; beaucoup s'y trompent qui prennent pour de l'indifférence ce qui est silence réfléchi. Ce peuple est droit : il distingue la vérité et il s'y donne, il perçoit l'injustice et il la dénonce; il n'est pas fortuit le fait que Lille a été très tôt un bastion du socialisme et du catholicisme social. Ce peuple est ennemi de l'esclandre : la modestie lilloise n'est pas toujours payante, comme on dit, mais qu'importe ! la pudeur est la gardienne des plus solides vertus : le courage, la ténacité, le dévouement qui si souvent confine à l'héroïsme...

Quelqu'un qui connaît bien Lille écrivait naguère : " l'homme du Nord est un traditionaliste qui ne pense qu'au futur". Paradoxe ? mais qui se vérifie tous les jours. Le Lillois a installé chez lui un poste de télévision -- cette télévision dont les lillois furent les pionniers* -- mais il ne boude pas  sa vieille braderie (le 7 septembre 1966 il y eut 100 000 bradeux). Il s'est intéressé à l'esposition internationale du textile de 1951 mais aussi au Concours international de Chant choral (1950) et aux Floralies de 1952.

* "Radio-Lille" fut inauguré le 3 avril 1927 par le Président Doumergue -- A l'Exposition du Progrès Social en 1939, on montra un émetteur expérimental de télévision. "Télé-Lille" fonctionna en 819 lignes dès le 8 avril 1950.

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19 décembre 2018 3 19 /12 /décembre /2018 18:22

En 1965/1966, 23 000 étudiants ont occupé les salles de cours de l'Université de Lille, soit 13,5 % de plus que l'année précédente; la modernisation, la transplantation, le développement des Facultés et Instituts posent bien des problèmes mais ils ne se poseraient pas si l'Université s'endormait sur son passé. Avec ses 3 000 étudiants et ses importantes Ecoles et Instituts, la "Catho" contribue aussi au rayonnement de Lille. Et puis, en définitive, il y a les Lillois, une masse généreuse, largement renouvelée (le recensement de 1962 a enregistré une très forte poussée des jeunes); il y a la famille lilloise où l'enfant est roi :

     Sin bonheur est flétri       S'i n'intind point ch' pti cri ...

écrivait Desrousseaux à propos du papa lillois du Second Empire : c'est toujours vrai; la puissance de l'Union départementale des associations familiales suffirait à prouver, s'il était nécessaire, le culte des lillois pour la famille.

Dans le beau sonnet qu'Albert Samain a consacré à sa ville natale (" Mon enfance captive ...), le vers que je préfère est celui-ci :

     Ton peuple grave et droit, ennemi de l'esclandre.

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18 décembre 2018 2 18 /12 /décembre /2018 19:28

Voici quelques éléments de ce dynamisme : capitale bancaire (22 banques), diplomatique (12 consulats), siège d'une Chambre de Commerce dynamique et de l'administration départementale, Lille dispose d'un équipement médico-hospitalier et d'un corps médical qualifié que lui envie beaucoup de villes. Le dynamisme d'un homme a donné vie à un aéroport actif. Sur le ciel de la vieille cité des dizaines de grues : écoles, lycées, routes de raccordement, gare routière, groupes d'immeubles gais et fleuris, où étaient les taudis (visage rajeuni de notre cher Saint-Sauveur...) Et voici l'avenant hôtel des Archives du Nord, si différent de la sinistre caserne Louis-Philipparde de la rue du Pont-Neuf. Au lieu du boyau où durant 40 ans elle étouffa, la Bibliothèque municipale dispose depuis novembre 1965 d'une maison de verre, la plus belle bibliothèque de France probablement.

Bientôt le triste mot d"hospice" sera rayé du vocabulaire lillois : de coquets pavillons et un hôpital de gériatrie recevront nos vieillards.  Il  n'est pas jusqu'à notre vieille manufacture de tabacs qui ne se soit pas mise au rythme du jour en fabricant, dans un immeuble flambant neuf, quelques 20 millions de Gitanes et  de Gauloises chaque jour.

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17 décembre 2018 1 17 /12 /décembre /2018 17:30

Malgré d'énormes efforts, Lille manque cruellement d'espaces verts : du moins, si elle dispose de squares, elle manque de grands parcs. Le défaut de ceinture verte explique l'attirance sur les lillois de la Belgique, mieux équipée ; elle écarte l'immigration de l'agglomération lilloise. Et ce n'est vexer personne que de déclarer que Lille est une ville mal propre à preuve la campagne publicitaire (ravalement) que l'administration municipale a lancée en 1966. On pourrait rappeler aussi que le nombre des logemel'nts est encore insuffisant; que l'attraction de Paris (de plus en plus proche grâce à l'électrification du chemin de fer et l'achèvement de l'autoroute du nord), voire de Bruxelles, et que la proximité de la frontière belge nuisent au rayonnement de Lille, même sur le plan universitaire et culturel ; que Lille manque de "commerces rares"; qu'aucun éditeur n'y réside; que l'esprit de clocher ou de quartier règne parfois chez les petits commerçants, voire au sein des sociétés culturelles; que Lille manque d'ouvriers qualifiés* et de centres de recherches; que l'hôtellerie y est insuffisante (1 273 chambres en 1954); que la mortalité infantile y reste forte...e 219 770 ouvriers

 

*En 1954, il y avait à Lille 19 770 ouvriers non qualifiés pour 19 039 ouvriers qualifiés, contremaîtres et apprentis. En outre : 15 760 employés, 11 537 artisans et petits commerçants, 7 433 cadres moyens, 4 224 cadres supérieurs...

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15 décembre 2018 6 15 /12 /décembre /2018 17:10

Et  cette "City", comme disent les géographes, est en fait le centre d'une agglomération d'un million d'habitants : Roubaix et Tourcoing n"ayant pas de véritable city ... Presque sans transition, quand on quitte le Centre, on est plongé dans un réseau de rues mortes, dans un immense faubourg aux maisons basses (en 1954, 80 % des immeubles de Lille n'avaient qu'un ou deux étages); même les larges boulevards des années 80 (Victor Hugo, Montebello) sont bordés de maisons de petit volume. Par ailleurs, nous l'avons vu, le colmatage des zones acquises est très irrégulier; en 1954, le quartier de Wazemmes comptait 220 habitants à l'ha, Saint-Maurice-des-Champs : 120... Bref pour reprendre une expression exacte : il manque à cette ville "quelque chose d'exceptionnel" qui fait les grandes capitales.

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11 décembre 2018 2 11 /12 /décembre /2018 19:48

Dès avant 1914 Jean Dubar et Emile Ferré, directeurs de l'Echo du Nord", avaient fait figurer en tête de leur journal la nouvelle Bourse de Lille   dont l'oriflamme portait : Lille-Capitale". La guerre était à peine terminée que "Les Amis de Lille" se réunissaient à la Société Industrielle. (27 avril 1919) pour un débat sur le thème : "Lille-Capitale".  Capitale régionale, Lille a conscience de l'être. Disons tout de suite ce qui lui manque pour qu'elle joue pleinement ce rôle. "Qui aime bien, châtie bien", dit-on. L'amour que nous portons à notre ville est à la mesure de la lucidité que nous portons à la juger.

Toutes les enquêtes convergent : le corps de Lille doit être remodelé. Le centre de Lille, actif, moderne, luxueux même, où se tassent tous les cinémas permanents, les banques, les grands magasins*, les journaux, les restaurants, les organismes de gestion, les librairies... est peu étendu (60ha sur 2 150), gêné par l'étroitesse des rues anciennes, la vétusté et l'exiguité des immeubles**(souvent fort beaux d'ailleurs).

 

*La plupart des grands magasins ont toujours été attirés par le Centre.

** l'Hôtel de l'Echo" (Voix du Nord) sur la Grand-Place, bel exemple de rénovation dans le style local, a été achevé en février 1936.

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11 décembre 2018 2 11 /12 /décembre /2018 19:12

L'après-guerre fut plus pénible peut être que l'autre, celle des années 20. Touchée deux fois en une génération, la région lilloise ne sortit que lentement du marasme, et bien des malaises sociaux marquèrent la difficile reprise économique. On se rappelle ce que fut l'inflation d'après-guerre : le kilo de pain qui était encore à 3 F 50 en 1944, (3 F 10 en 1939) passant à 7 F10 en 1945, à 28 F en 1947, à 39 F en 1949, à 41 F en 1950; le kilo de pommes de terre, passant de 0 F 50 en 1939 à 11 F en 1947; la tonne de charbon de 320 F en 1938 à 9 400 en 1950; le mètre cube de gaz : de 1 F 10 à 14 F 60; le kilo-watt-heure de 1 F 80 à 18 F 50. Une chemise d'homme qui se payait 1 F 90 en 1914, valait 20 F en 1927, 56 F en 1940, 185 F en 1944, 450 F en 1946, 1 050 F en 1950... Les salaires ne suivirent pas cette courbe vertigineuse, surtout dans l'industrie textile, cette industrie qui, en 1950 employait à Lille 10 627 hommes et 27 277 femmes : une enquête faite par Eliane Delesalle à cette époque nous révèle que certains tableaux du "Coeur pur" de Maxence Van der Meersch sur le surmenage et la promiscuité immorale des ouvrières de filatures et d'ateliers de confection étaient encore d'actualité trente ans après. Par ailleurs l'alimentation dans une famille ouvrière de deux enfants représentait encore en 1950, 70 % des dépenses ; l'habitation : 10 % ...

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8 décembre 2018 6 08 /12 /décembre /2018 12:20

Faut-il rappeler que les fossés de la Citadelle de Lille, ceux du Fort de Bondues,  et du Vert-Galand, virent tomber plusieurs centaines de patriotes dont beaucoup étaient originaires de la région minière ? Parmi les Lillois saluons : Elie Rabinovitch, Eugène Esparon, Jean Jennet, Kalmé Prochownik, Ragouh ben Messan-Ahmed, Georges Renard, Florin Lehembre, Victor Bodelle, Victor Bourlé, Roger Debresse, Elie Lorthiois, Cyrille Vanhaecke,, Clément Debrenne, Rémy Melbois, ...

Au 29 mai 1960, la statistique de la Déportation pour l'ensemble du département du Nord donnait : 2 118 déportés et internés politiques ; 3 736 déportés et internés résistants.

A peine libérée par les Anglais avec l'appui des F.F.I. , Lille reçut le 30 septembre 1944, la visite de l'un des plus illustres de ses fils, le général Charles de Gaulle, libérateur de la Patrie, qu'accompagnaient outre le nouveau maire le docteur Denis Cordonnier, le commissaire régional Closon, le ministre des P.T.T. Augustin Laurent, futur maire, qui avait été durant l'occupation l'un des principaux mainteneur d'espérance.

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5 décembre 2018 3 05 /12 /décembre /2018 17:47

La presse clandestine fut rapidement très active ; dès octobre 1940 Jean Baptite Lebas, député-maire de Roubaix et Augustin Laurent, député de Lille fondèrent "L'Homme libre" , petit "Bulletin d'informations ouvrières" multigraphié et agrafé dans le quartier de Saint-Sauveur ; six numéros parurent  de "L'Homme libre" jusqu'à l'arrestation de Jean Lebas, qui devait mourir d'épuisement à Sonnenburg en 1944. Augustin Laurent devenu chef du Comité d'Action socialiste du Nord, donna à son bulletin le titre de "La IV° République, organe d'Action Socialiste et de Libération Nationale". De leur côté les communistes du Nord publiaient clandestinement "L'Enchaîné". A partir du 1er avril 1941 un brigadier de police lillois, Jules Noutour, membre du parti Socialiste, fit paraître "La Voix du Nord", organe de la Résistance de la Flandre française" qui devait en remplaçant "l'Echo du Nord" en 1944, prendre une des premières places parmi les grands journaux régionaux de France. Parmi ceux qui travaillèrent avec Noutour : Natalis Dumez, René Georges Vankemmel, Lionel Alloy, Jules Houcke, Albert Van Wolput... "La "Voix du Nord" fut diffusée par de nombreux réseaux comme ceux que dirigeaient Pierre Houriez et Jean-Pierre Deshayes. "La Voix du Nord" devint même le "noyau actif de tout un mouvement  de résistance".

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2 décembre 2018 7 02 /12 /décembre /2018 19:51

Vinrent les bombardements alliés, les plus importants furent : 6 juillet 1941 visèrent : La Foire Commerciale (29 morts, 49 blessés, 91 maisons atteintes); 9 octobre 1942 (Usine de Fives) : 5 morts, 10 blessés, 270 maisons atteintes; - 9 septembre 1943 (Moulins-Lille, voies ferrées) : 56 morts, 141 blessés; 9-10 avril 1944 (Lille-Délivrance) : 456 morts (dont 420 à Lomme), 300 blessés, 5 000 maisons atteintes; 10 mai 1944 (Fives, Sud, 400 Maisons) : 111 morts, 124 blessés, 800 maisons atteintes; 22 juin 1944 (Gare de Fives, Mont-de-Terre) : 135 morts, 156 blessés...

Lille fut, par ailleurs un centre actif de résistance. De nombreux lillois militèrent dans de mouvements et des réseaux divers : Libé-Nord, O.C.M., M.L.N., A.S., O.R.A., F.T.P., Petits Ailes, Voix du Nord, ce dernier réseau compta 353 morts, dont 61 fusillés et 110 déportés. Les réseaux de renseignements issus du B.C.R.A.(Mithridate, Phratrie, Vélite-Thermopyle) des mouvements de résistance (Centurie, Cohors-Asturies, Brutus), de l'Intelligence-Service (Alliance, Gloria), des réseaux belges (Zéro-France, Clarence) et des réseaux anglais (Bruckmaster) accomplirent quantité de missions qui aidèrent énormément les Alliés*

* Les F.F.I. combattirent le 2 septembre 1944 à Roubaix et pour la libération de Lille : ils eurent 31 tués et 86 blessés.

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