Souvenirs d'Antan
Les débuts de la Révolution à
Wazemmes
S’il est une période historique méconnue, c’est incontestablement la « Révolution Française ». Assurément, cette tourmente a laissé une profonde impression dans le peuple, mais
les détails en sont complètement méconnus. Nous ne chercherons pas ici les causes et nous ne décrirons les effets de cette évolution. Ce travail a déjà été fait trop longuement par les
historiens, si l’on peut dire. Les passions politiques ont même bien souvent fait dévier les commentaires des savants selon leurs différents points de vues.
Nous nous bornerons donc à exposer les faits qui se déroulèrent à Wazemmes à cette époque. On divise généralement la Révolution en cinq périodes :
1° La Constituante – 2° La Législative – 3° La Convention – 4° La Terreur – 5° Le Directoire.
C’est de la première dont nous nous occuperons aujourd’hui.
Les cinq périodes révolutionnaires indiquent aux moins initiés en histoire, une progression dont les appellations sont suffisamment caractéristiques. Seul le Directoire
(suivant la Terreur) est peut-être une transition ; nous en reparlerons d’ailleurs le moment venu.
Les débuts de la Révolution furent exempts de toute violence, du moins en province. Politiquement une nouvelle génération prenait visiblement l’ascendant en 1789. Ces hommes
partisans d’idées nouvelles étaient généralement des cœurs généreux prêts à tout sacrifier au bien-être public, et c’est à tort que l’on se figure parfois les « hommes de 89 » comme on les
appelait alors, émeutiers ou tout au moins éléments turbulents. C’est surtout dans la création des « municipalités » destinées en 1790, à administrer les communes, que les figures des « premiers
réformateurs » apparaissent dans notre histoire locale.
Voici un extrait du discours de son installation par Vanhoenacker, le, premier Maire de Lille (histoire de Lille par V. Derode). « Nos enfants n’entendront prononcer le nom de
patrie qu’avec enthousiasme, les dispositions de la loi qu’avec respect, le nom du meilleur des rois, Louis XVI, qu’avec des larmes d’attendrissement et d’amour, ils sauront que c’est au cœur
d’un roi-citoyen qu’ils doivent la régénération de la patrie… ». C’est ainsi qu’on parlait en 90, trois ans avant la Terreur.
Nous avons déjà dit combien était défectueuse l’organisation communale sous l’ancien régime. Ce fut au milieu d’un véritable enthousiasme que les premiers édiles Wazemmois entrèrent en fonctions.
Le 28 janvier 1790, J.B. Petit fur proclamé « maire de Wazemmes » par 131 voix. Le curé Lallou se vit attribuer les fonctions de président de l’Assemblée municipale, et son vicaire Bouchart fut
invité à remplir le rôle de secrétaire.
J.B. Petit que le destin amena le premier à remplir dans notre commune le mandat de maire appartenait à une famille des plus respectables et des plus honorablement connues. Il était le fils de
François, blanchisseur au faubourg de la Barre et de Scholastique Martinage. Né dans la commune le 26 octobre 1749, marié en 1770 à Thérèse Mullié, il était père de dix enfants quand il répondit
à la confiance de ses concitoyens en acceptant les fonctions de la première magistrature municipale.
Nous donnons ci-dessous la composition du premier Conseil municipal de Wazemmes. On pourra constater que beaucoup de noms sont restés l’apanage de familles wazemmoises, de
descendance probable des dits administrateurs.
Officiers municipaux : J.B. Desruelles, A. Dumont, Lefranc-Duplouy, P.Jos, J.B.Brame, F. Gremel
;
Grandifneaux, J. Dervaux, J. Bernard.
Procureur : J.B. Degland.
Notables : Dubus, Lhermitte, Peucelle, Bonnier, Gravier, Collette, Gisquin, Planque, Morel,
Guermonprez, Delobal, Delory, Boucly, Lepée, Duthilleul, Bataille, Duriez, Parsy.