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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 09:17

La gare en 1898


Par son bruit, son mouvement, sa diversité, une grande gare est une des choses les plus curieuses à observer. Il n'y a pas bien longtemps qu'il existait encore dans nos campagnes de ces gens du temps passé qui n'avaient jamais voulu ou osé mettre le pied sur la marche d'un wagon. S'ils avaient été transportés tout à coup sur les quais intérieurs de la gare de Lille, au milieu des trains qui se croisent en tous sens, les uns ébranlant avec lenteur leur lourde masse, les autres arrivant à toute vitesse, en mugissant, sous un nuage de blanche vapeur et stoppant à deux mètres de la rampe, éblouis par ces lumières étincelantes et les feux changeants de ces multiples signaux, étourdis par cet immense brouhaha que percent les cris stridents des sifflets de locomotive, perdus dans le flot mouvant de cette foule qui passe et repasse, ils se seraient crus transportés dans un autre monde. Une gare, avec ses services de toutes sortes centralise pour ainsi dire le progrès de l'esprit humain, ses triomphes sur la matière, et en offre, à l'observateur attentif, le résumé le plus complet.

Il serait intéressant de peindre le côté physionomique de notre grande gare. Un conteur humoristique pourrait nous faire faire un voyage d'agrément à travers la grande salle des pas-perdus, les salles d'attente, les quais d'arrivée, le buffet et le hall de sortie avec un nombre infini de stations amusantes. Il nous montrerait ces rentiers qui prennent la gare, principalement l'hiver, comme leur but de promenade et viennent pour s'y rencontrer, pour causer, pour regarder le tableau humain qui s'y déroule. Il nous aiderait à reconnaître les désoeuvrés qui s'installent sur les canapés des salles d'attente, vagabonds sans gîte ou petites vieilles gens qui sont la gazette de leur quartier et forment ensemble le grand journal de toute la ville.

 

Il dénoncerait les pickpockets, démasquerait les élégantes qui se mêlent à la foule de ceux qui attendent un parent on un ami à sa descente du train. Mais il sera plus facile pour nous de faire connaître à nos lecteurs la vie intérieure de la gare. Ils y trouveront quelques détails qui pourront les intéresser.

 

Les gares de France qui délivrent le Plus de billets sont :

1- la gare de Saint-Lazare (Ouest) à Paris,

2- la gare de Vincennes,

3- la gare du Nord à Paris,

4- la gare de l'Est à Paris, et enfin la gare de Lille et celle de Lyon (P.-L-M.) à Paris arrivent ensemble en cinquième lieu. En tous cas la gare de Lille est celle qui a la plus grand trafic de toutes les gares de province.

En 1881, 1 231 888 billets ont été délivrés, produisant une somme de 3 626 000 francs. En 1896, les billets distribués atteignent le chiffre de 2 165 677 et les recettes de ce chef 4 762,000 F. Mais cette dernière somme ne comprend pas, le produit des abonnements ni du transport des bagages et messageries. En 1896, la recette totale, y compris les 10 % d'impôt, était de 5 861 000 F; les relevés pour 1897 ne sont pas terminés, mais on peut affirmer que la somme dépasse six millions.

à suivre

 

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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 09:52

LA MODE MASCULINE

 

 

Le complet veston :

 

Il est agréable de marquer le progrès réalisé depuis la guerre par l’élégance masculine, et cela dans les milieux les plus divers.

 

Depuis l’armistice nous nous sommes réhabitués à soigner notre vêture et à la réadapter aux exigences de la vie quotidienne. Il faut convenir que 1919 et 1920 aboutirent à de piètres résultats. Ce n’est que cette année que la campagne, menée par de grands tailleurs, a porté ses fruits. Le complet veston, qui est le grand favori de tous, règnera sous des aspects différents au cours du printemps et de l’été 1922. Les tissus à la mode sont les cheviottes, les serges fines, le peigné, les draperies fantaisies et le fil à fil.

 

Le veston se fera avec deux boutons, le premier seul ayant une réelle utilité. Le troisième bouton est maintenant périmé, la poitrine ayant disparu de la silhouette masculine. Le bouton central qui devrait marquer la aille, en formant un creusé, n’a plus sa raison d’être, puisque le veston tombe droit et dessine juste la hanche. Le veston croisé porte dans les mi-cérémonieuses. Le pantalon bas relevés a toujours ses chauds partisans.

 

 Lingerie  pour hommes :

 

La mode concernant la lingerie pour hommes n’évolue que lentement. Pour le jour on porte et on portera cet été la chemise à rayures ou à tous petits dessins sur fond blanc, d’aspect clair. Le col porte avec celle-ci est de même tissu, il est demi haut et les pointes en sont moyennes. La manchette sera double de préférence.

 

La chemise du soir ou pour cérémonie est à plastron ferme, elle se porte avec le col droit cassé de hauteur moyenne.

 

La cravate sera toujours de soie et affectera la forme régate ou nœud papillon suivant les circonstances. Pour le smoking on portera le nœud noir en travers ; avec le complet veston, la régate sera la plus habillée ou le petit nœud. Avec la jaquette, la régate ; avec l’habit, le nœud en travers blanc.

 

La pochette portée dans la poche poitrine se fait beaucoup et rehausse d’une teinte claire l’ensemble du costume. 

 

Voilà, Messieurs, un résumé de ce qui se porte ce printemps. Puissent ces quelques renseignements vous être utiles.

 

L. LOUPIE

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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 00:00

 

LE BON JUGE

 

Au Tribunal

 

Le Président : M. Sévère Maijuste

L’Avocat : Maître Desprit-Fin

L’Inculpé : Jean Poigne, 37 ans,allumeur

 

L’Audience est en cours

 

Le Président : - Vous êtes inculpé d’être entré le 25 du mois dernier dans les magasins de M. Ducommerce, de vous être emparé d’un objet de bon goût dénotant ainsi chez vous une connaissance du beau, d’être sorti laissant par mégarde votre bourse contenant une certaine somme et divers papiers d’identité, vous dénonçant.

- Qu’avez vous à dire pour votre défense ?

 

L’Inculpé : - Monsieur le Président, j’étais jusqu’à ce jour resté un honnête homme, j’habitais un logis calme où la joie régnait. Chaque matin je partais au travail content, je rentrais le soir heureux de mon sort, lorsque une fois je fus appelé pour ma besogne chez une dame. Là, plusieurs autres dames réunies parlaient de chapeaux, de robes, d’objets achetés chez un certain M. Ducommerce dont j’appris ainsi l’adresse ; bref !

 

Le Président : - Inculpé, venez  au fait, abrégez ?

 

L’Inculpé : - Oui Monsieur le Président. – Comme je devais souhaiter la fête à Mélie, (Mélie c’est ma femme, Monsieur le Président), je songeais donc qu’il me suffirait de me rendre dans ce magasin pour y faire l’emplette en question. A peine entré je restais stupéfait de ce qui m’était offert, tout y était d’un prix fantastique, inabordable pour ma bourse (j’avais quarante francs).

 

Affolé, je pris un objet sur le comptoir, laissant intentionnellement tout ce que j’avais, et rentrais à la maison  honteux, tremblant. – Vous savez le reste.

 

Le Président : - C’est bien ! Maître Desprit-Fin, vous avez la parole !

 

L’Avocat : - Messieurs du Tribunal, la défense sera courte. Jean Poigne, devant vous vient d’exposer sa cause. Nul mauvais renseignement n’ a été fourni sur le compte de mon client, je demande donc l’indulgence entière du Tribunal et sollicite l’acquittement.

 

Le Président : - Les raisons invoquées par Jean Poigne sont atténuantes ; mais il est du ressort de la Justice de se montrer rigoureuse ; de faire respecter la loi.

- Pourquoi Jean Poigne a t’il commis ce méfait ?

- En toute équité, ce ne fut pas par instinct pervers. Sa vie passée le prouve, le geste d’abandonner tout son avoir l’atteste, certes il eut du résister, peser, discuter avec lui-même. Peut-être aussi ne savait t’il pas !!! Il succomba, il eut tort, Jean Poigne, vous remettrez au commerçant la différence qui lui revient, à ce prix, le tribunal vous acquitte et vous engage à suivre ce conseil.

 

De par votre profession, vous auriez dû être éclairé, et savoir : que pour trouver tous les beaux objets rêvés – sans trop dépenser – c’est rue Léon Gambetta qu’il faut aller.

 

D’JEMS

 

 

 C'est de l'humour de l'époque

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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 09:30

Nos Tramways et …  nous

 

Vous souffrez, vous, amis clients, et vous amis commerçants, de la difficulté qu’il y a, pour se transporter en tramways de la gare centrale à la rue Gambetta, alors que la distance de l’entrée de notre rue à la gare de Lille est d’environ cinq cents mètres. Afin d’obvier à cette difficulté, je propose le dispositif suivant : tout en conservant à la ligne B le parcours actuel, il serait créé une ligne B bis, qui, de la gare à la place de la République, emprunterait, à l’aller la rue de Béthune, au retour, la rue du Molinel, puis se raccorderait par l’embranchement existant place de la République, avec la ligne B, rue Gambetta.

   Dans la rue Gambetta, il y aurait une voiture toutes les cinq minutes, dans chaque sens et pour chacune des deux directions : gare directement, et gare par la rue Nationale.

   Je répète que la ligne B actuelle est maintenue, mais qu’elle est- doublée par la ligne B bis. Avec un tel arrangement, on gagnerait cinq minutes dans le trajet de la place Nouvelle Aventure à la gare centrale.                   

Maintenant, si on craint la confusion entre les indications B et B bis, on peut appeler la ligne raccourcie d’une toute autre façon, Z si l’on veut.

   Et la Compagnie y trouverait son compte, car ses clients seraient beaucoup plus nombreux.    Actuellement, les voyageurs pressés, allant de la gare à Wazemmes vont à pied, et ceux de notre quartier qui doivent prendre le train, aussi.

   D’ailleurs, la Compagnie des Tramways aurait grand intérêt à donner de suite satisfaction au public, sinon, un jour  ou l’autre, une Société d’autobus se formera, et la première ligne créée sera incontestablement : Gare, Grand’Place, rue du Palais Rihour, rue de l’Hôpital Militaire, République, Gambetta, Place de Tourcoing.

   J’aurais pu répéter ces critiques, j’ai préféré proposer une solution que je soumets à mes collègues du Comité, et à ces autres collègues de ce grand Comité constitué par tous nos lecteurs. Une fois le projet étudié, modifié, il nous restera à le transmettre à l’Administration municipale.

 

                                                                                                                                                                  E. Hordoir

                                                                                                                                                                   Ingénieur I.D.N 

 

solferino-tram.jpg

 

   

au fond l'église du Sacré-Coeur, dont le clocher a été porté à 75 m de hauteur,

surmonté de la statue du Sacré-Coeur, en 1908.

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3 novembre 2012 6 03 /11 /novembre /2012 09:43

 

 

JUSTE RECLAMATION

 

Je crois être l’interprète des habitants de la rue Léon Gambetta en invitant Messieurs les représentants de l’administration de la voirie de bien vouloir venir rendre une visite à notre grande artère, après ces jours de pluie. Ils seront certainement surpris de constater la malpropreté qui y règne.

 

Notre rue n’est pas balayée.  Il ne suffit pas de faire passer la voiture automobile, armée de son balai, tous les quinze jour (et encore !), mais bien chaque matin . Ce balai envoie la boue dans les caniveaux où, là, elle est laissée en paix. Il faut que tous les matins, l’eau coule abondamment et que des hommes du service de la voirie lavent les abords des trottoirs en envoyant toutes ces ordures aux égouts. Ce travail se fait partout, dans toutes les villes où la circulation est certainement beaucoup moins intense que dans notre rue.

 

Les automobilistes s’en donnent à cœur joie en passant avec des camions de 3 et 5 tonnes, dans ces cloaques à des allures abusives de 30 à 35 kilomètres à l’heure. Nos vitrines et nos façades sont dans des états lamentables. Il est navrant de faire autant de frais pour un si maigre résultat.

 

Il est absolument nécessaire que l’administration de la voirie apporte des améliorations, et cela, sans retard. Du reste, je ne me tiendrai pas pour battu, si ce commencement de réclamation n’obtient pas gain de cause.  Je reviendrai à la charge, convaincu que le journal « Wazemmes » m’offrira toujours l’hospitalité de ses colonnes pour une cause aussi juste.

 

 

 

LE TRAMWAY B

 

 

C’est le tramway de la rue Léon Gambetta. Avant guerre, on pouvait l’utiliser ; aujourd’hui, pour s’en servir, il est nécessaire de faire un stage dans une Société de sports. Pour prendre le car B, il faut de l’agilité, du muscle, de l’adresse, de l’énergie.

 

Marchepieds, tampons, plate-forme regorgent de voyageurs. Quand on a vingt ans, cela peut amuser, mais, je vous le demande, que deviennent dans cette cohue, les femmes, les jeunes filles, les malades, les vieillards, les enfants ?

 

Nous protestons. Nous avons participé à la réunion organisée au sujet des tramways, par les « Amis de Lille » ; nous étions à la Mairie pour joindre notre réclamation aux nombreuses réclamations de nos concitoyens. Nous continuerons cette action et nous aiderons à l’amplifier.

 

Nous ne sommes pas les Administrateurs de la Compagnie, ni de la ville, nous sommes le public qui paie, qui se plaint et qui répète : « Donnez-nous des tramways nombreux, confortables et à bon compte ».

 

Et si la question n’est pas encore résolue, c’est parce que le public lillois, trop bon enfant, supporte trop facilement ce que la Compagnie des Tramways lui inflige.

 

Public, réclame, réveille-toi, proteste et impose. « Wazemmes » suivra cette question.

 

O.M.

 

 

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 09:07

LA CHEMISE DE FEMME

 

Ce charmant sous-vêtement de la femme est, avec le pantalon, indispensable à la toilette féminine. Il est de tous temps et de toute saison,  car c’est son premier et son dernier voile.

 

Mais étant donné son intimité particulière avec le corps, la chemise a une importance primordiale, non seulement au point de vue des secrètes beautés qu’elle cache ou renferme, mais aussi au point de vue santé.

 

En effet, son contact immédiat avec la peau oblige la chemise à être toujours très propre, et c’est pourquoi on en fait une si grande consommation. Une chemise sale empêche l’air pur de pénétrer dans les pores de la peau, qui sont eux, les canaux de la santé et par conséquent de la vie.

 

Mieux vaut porter un tablier sale, mais avoir sur soi une chemise irréprochable comme propreté. La chemise se fait généralement en tissus  légers, souples, tels que nansouks, shirtings, voiles, linons, crêpons de coton ou de soie. On en fait aussi de toutes teintes.

 

Mais la chemise préférée généralement par la majorité des femmes est simplement faite de madapolam (shirting), tissu économique comme prix, solide à l’usage, résistant quoique facile à laver, repasser, etc…

 

La mécanique nouvelle ayant fait des progrès immenses, fait maintenant des chemises entièrement à la machine aussi jolies que celles faites à la main et tout aussi solides, bien que d’un prix très sensiblement inférieur.

 

La chemise est garnie de quelques plis, quelques jours, ou encore de broderies ou dentelles et très souvent d’un ruban qui jette un rayon de soleil sur la sobriété obligatoire de ce vêtement.

 

Tous les magasins de la rue Léon Gambetta ont des étalages débordants de lingerie de corps dont l’assortiment varié et les prix raisonnables doivent tenter les jolies acheteuses.

C’est le moment où les commerçants rivalisent de zèle pour tenter le réapprovisionnement des armoires au linge dégarnies par l’usure, la guerre ou le temps.

 

Et il ne faut pas se priver de lingerie, car il est de toute utilité pour la santé publique de porter sur soi du linge toujours  rigoureusement propre, c’est une question  de santé et de longue vie, mais aussi faut-il pour cela en avoir de rechange.

 

Si votre budget est serré, négligez autre chose, mais soignez néanmoins votre linge.

 

Marie-Louise

 

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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 09:13

WAZEMMES, du village à la ville

Sans parler des origines antiques de cette agglomération sur lesquelles nous reviendrons à l’occasion ; le changement survenu à Wazemmes depuis un siècle est trop intéressant à noter pour qu’il ne soit pas l’objet d’une première conversation. Une simple comparaison entre le plan de Wazemmes au début du XIX° siècle et l’actualité, montre combien le village est devenu une véritable ville.

 

Qui de nous n’a pas entendu conter par son grand-père les transformations du chemin des Stations, de la grand-route de Béthune, devenue rue Notre-Dame d’abord, rue Léon Gambetta ensuite, de la célèbre guinguette « la Nouvelle Aventure », du cimetière du Marché aux chevaux, transféré place Verte pour être ensuite confondu dans le grand cimetière lillois du Sud.

 

Ce qu’il faut d’abord saluer dans ce siècle qui vient de finir et à qui Wazemmes doit son importance actuelle, c’est la ténacité et l’intelligence de nos grands-pères de 1850, qui, avec M. Mourmant, le dernier maire de Wazemmes, surent triompher des difficultés et vaincre les résistances sans nombre s’opposant à l’adjonction de la commune à la ville de Lille, il faut surtout admirer cette perspicacité des Wazemmois d’avoir compris que Wazemmes, si important soit-il devenu, n’aurait jamais été qu’un faubourg, tandis qu’englobé dans Lille, il faisait corps avec la capitale des Flandres, devenue de nos jours la capitale du Nord de la France.

 

Malgré tous les efforts, les dossiers des Ministères de la Guerre et de l’Intérieur enterraient doucement mais sûrement le projet, quand un incident typique et curieux à connaître vint soudain brusquer le dénouement de l’affaire.

 

L’église Notre-Dame de Consolation était en construction, le corps de l’église était bâti sur terrain indépendant mais, soit erreur, soit à dessein, le perron de ce bâtiment se trouvait sur terrain militaire, et malgré les remontrances du Génie, fut construit en dur, tel qu’il existe encore de nos jours. Cet incident, risible en lui-même devait amener la solution du problème insoluble.

 

L’Administration militaire voulait, à tout prix, faire démolir le malheureux escalier d’où venait tout le mal, mais M. Mourmant le défendait avec une énergie sans pareille. Le Maréchal Vaillant, alors ministre de la guerre, gêné de la tournure que prenait l’incident, accorda alors audience à un ami du maire, qui au cours de la conversation, lui insinua perfidement :

     « il ne tient qu’à vous, Monsieur le Ministre, d’aplanir ces conflits, à votre place, d’un geste je solutionnerai le différend »

     « Vous pensez, mais ce maudit Wazemmes me donne plus de soucis que les importantes places de guerre. Votre commune est intraitable, Monsieur ! »

     « Alors, Monsieur le Maréchal, incorporez ce maudit Wazemmes dans l’enceinte de Lille, c’est le seul moyen d’en être quitte ».

     « Parlez-vous sérieusement ?  etc… (guide de Lille, Castiaux, 1877).


Trois jours après, une nouvelle demande de fusion des communes de Lille, Wazemmes et Moulilns, partait de la Préfecture, et plus heureuse que ses devancières, aboutissait aux décrets impériaux des 2 juillet et 13 octobre 1859.

 

Quelques jours après les municipalités inauguraient le premier coup de pioche donné au bastion du Calvaire (imprimerie Danel actuelle,rue des Bouchers).  Lille était partie pour devenir la capitale de la région et Wazemmes la suivait dans sa destinée.

 

Tandis que les remparts construits en remplacement de ceux dont nous venons de causer, tombent à leur tour, sous la pioche des démolisseurs qui, actuellement, vont encore reculer les limites d’une agglomération de plus en plus grandissante, il est bon de se souvenir que la petite paroisse de Wazemmes, administrée lors de la réunion par M. Gadenne (que nos parents eux-mêmes ont connu et dont ils se souviennent encore) est devenue un vaste décanat.

 

Cette simple comparaison fait voir la rapidité avec laquelle le centre est parvenu à son importance. La petite chapelle paroissiale du Marché-aux-Chevaux est maintenant remplacée par sept églises (Saint-Pierre-Saint-Paul, Sacré-Cœur, Notre-Dame de Consolation, Saint-Vincent de Paul, Saint Benoît, Saint-Joseph et Saint Michel, dont bien des cathédrales envieraient les dimensions de certaines (1).

 

« Lille, tes enfants n’ont pas démérité », écrit Van Hende comme péroraison de son beau livre « Lille et ses institutions communales ». On peut appliquer cette conclusion aux « Enfants de Wazemmes » qui ont su, eux aussi, faire fleurir leur petite patrie et lui faire porter les fruits du travail, travail acharné qui, dit la devise, vient à bout de tout.

 

(1) L’accroissement de population de Lille et des faubourgs fut telle vers 1850/1870, que le curé de Saint-Maurice des Champs, dont on venait de détacher la paroisse de Fives, peut dire à cette époque : « On m’a donné 4.000 paroissiens, on m’en prend 12.000, il m’en reste 16.000… »

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 09:19

L’Quartier d’Wazemmes et Wazemmes-Journal

 

Chronique patoisante

 

Qui qu ch’est qui avot pinsé un jour que l’quartier d’Wazemmes arot eu sin journal ? Et ch’est pourtant chin qui est arrivé, ch’l’infant est né in ch’mot d’Décembre comme l’petit Noël .

 

Après bientôt vingt ans d’existence et d’traval pou’ l’ transformation nécessaire de l’rue Gambetta, l’Union des Commerçants d’cheull’rue fait paraître un organe qui défindra les intérêts d’tertous ; « Wazemmes » s’ra in effet l’port paroles et l’intermédiaire intre l’producteur et l’consommateur, et cha pou’ l’ bien du quartier qui n’pourra qu’in sin réjouir.

 

Comme nous somme’s lon déjà des p’tits boutiques de l’rue Notre-Dame qu’is étot’nt grand comm’ deux écourcheux, liés insonne, ell’s ont fait plache a des biaux et rich’s magasins bien éclairés et achalandés dins lesquels on y trouve d’tout. Que d’cang’mints ! Que d’imbielliss’mints ! Comme tout cha est avantageuss’mint transformé, uch’ qu’il est l’vieux temps.

 

Sortant de l’vieill’ porte d’Béthune,

On n’veyot là qu’des p’tits gardins,

Des blanchiss’ris qu’ont fait fortune,

Pus lon des sinc’s et des molins.

 

Ch’étot pourtant par la qu’les Lillos allot’nt pour l’tirer l’canard. Qu’est ch’qui reste aussi des vieux cabarets et des gloriettes, à l’Vieill’ Réjouissance u ch’qu’on juot au beingnau, au Beau Feuillage. A l’Troèlle. Au Vieux Pél’rin, etc… Eh ben et la Digue et les parties d’barquettes su’ l’A bonnoisse.

 

 

Tous ches racoins n’sont pus les mêmes,

Ach’t heur’ te v’là tout transformé,

Non, t’n’as pus l’mêm’ genr’ de biauté

Wazemmes !

 

Ch’étot aussi dins ch’forbou d’Béthune qu’on trouvot l’fameuss’ guingette « l’Nouvielle-Avinture » u ch’qu’on y dansot pou l’dernier’ fos à l’fiête du Broqu’let l’13 mai 1861.

Awi, pindant un sièque, ch’ l’établiss’mint étot fréquenteé par les jeun’s gins d’Lille et des invirons ; on y admirot les blancs bonnets des dintellières ainsi qu’leu’s  biell’s robes. On y dansot l’dimanche et l’lundi, on payot huit sous d’intrée et on avot l’drot a un p’tit pain fourré ou a eun’ boutelle de bière, in puqu’ du concert. A ch’ t’ heure aussi ! Heureux momint… I avot point l’vie querre ni l’coefficient a ch’temps-là.

 

Dins ch’ forbou d’Béthune on y rincontrot aussi gramint d’gins qu’i’ s’allott’ à Loos, à Notre Dame de Grâce, tandis qu’a ch’t heure l’ pélérinache qu’on vot surtout ch’est ch’ti qui s’ fait à Saint Bernard, à l’Autel des promesses *, pour les dommach’s de guerre.

 

Comme on vot, ch’forbou d’Béthune dev’nu eun’ despus biell’s artèresde Lille, s’transforme d’jour in jour grâce aux dévoués d’l’Union des Commerçants d’cheu’ll rue qui pourront par leu journal, u ch’ qu’on n’fra point d’politique, servir d’trait d’union intre les commerçants et leu’ clientèle.

 

Ch’est dins ch’ l’esprit que j’ souhait’ bonn’ chance à « Wazemmes ».

 

Auguste LABBE

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 09:12

Le coin des Grincheux

 

On nous écrit :

 

« Ne pourrait-on demander aux noctambules des deux sexes qui, les samedi, dimanche et lundi dans la nuit regagnent leurs domiciles, venant du Centre et allant vers les rues populeuses de Wazemmes, d’être un peu moins bruyants ? A de certains moments ce sont des cris, des chants, des hurlements qui n’ont plus rien d’humain ».

 

« Que la jeunesse s’amuse, rien de mieux, qu’elle aille dans les théâtres, les cinémas, les concerts, les dancings, rien à dire, au contraire. Il faut bien que jeunesse se passe. Mais est-il bien nécessaire de pousser des cris dans la rue pour démontrer que l’on s’amuse ? ».

 

« Nous aimons la rue Gambetta et sa bonne tenue nous réjouit. Il y va de notre renommée. Et puis, ces noctambules devraient penser qu’en dehors des citoyens paisibles qui se reposent il y a les malades, les mourants, les morts peut-être et que les chants et les cris sont devant la peine des autres, encore plus inconvenants. »

 

« Allons, jeunesse, amusez-vous, mais je vous en prie, un peu de tenue la nuit. Vous vous rendez parfaitement compte d’ailleurs que vous êtes en défaut puisque vous attendez l’obscurité pour mal faire, alors qu’au grand jour, votre conduite est parfaite ».

 

Je crois, en vérité, que notre ami, le grincheux, n’a pas tort, et je souhaite que ces lignes tombent sous les yeux des bruyants noctambules.

 

Wazemmes.

 

On se croirait en 2012,  la saleté en plus 


 

La Nouvelle Boite aux Lettres

 

I y a une nouvelle boite aux lettres dans la rue Léon Gambetta. Vous me direz ceci n’a rien de bien extraordinaire ; quand on a besoin d’une boite aux lettres, on la demande à M. qui de droit et, quand la justesse de la demande est reconnue, quelques jours après, la boite aux lettres est posée.

 

Erreur ! grave erreur ! L’obtention de cette boite aux lettres a demandé plusieurs rapports, de nombreuses  correspondances, et toute une série de démarches, et toute une série de démarches.

 

Enfin, après six mois d’efforts, elle arrive, elle est là, ce n’est pas une fable, tout le monde peut la voir. Et merci tout de même, aux diverses administrations qui ont bien voulu nous entendre.

 

Elle est jolie notre boite aux lettres. On dirait un coin du ciel bleu dans la rue, ou une jeune enfant de Marie parée pour une fête. Elle réjouit tous ceux qui l’approchent. Si elle pouvait raconter tout ce qu’on lui confie, elle en aurait à dire !

 

Voici une vieille maman qui lui remet une lettre : c’est pour le fils qui est au Maroc ou qui monte la garde sur le Rhin ; je parierai bien qu’il y a un beau billet dans l’enveloppe, le fils sera content, la boite aux lettres à l’air de sourire. Voici une jeune fille rougissante qui y glisse timidement une petite enveloppe rose : « Ne craignez rien mademoiselle, dit la boite aux lettres, je suis discrète ; je ne le dirai pas à votre mère ».

 

Oh ! la boite fait une grimace, un vilain monsieur vient d’y jeter une lettre anonyme. Si la boite pouvait la rejeter, elle le ferait de suite. Un commerçant lui donne un volumineux courrier : notre homme a l’air soucieux, il a raté une grosse affaire, il attend une marchandise qui n’arrive pas, il pense aux impôts qu’il faudra payer et aux dommages de guerre qu’on ne lui paie pas. Et la bonne boite de lui dire : « Ne te frappe pas, mon ami, demain sera sans doute meilleur qu’aujourd’hui, aie confiance ; en attendant, va boire un verre à côté ça va se passer ! »

 

Et ainsi tout en rendant service à tous, la boite aux lettres est accueillante et aimable.

 

Elle est située entre les N° 111 et 113. Quatre levées sont faites chaque jour.

 

Le Facteur.

 

 

Il faut toujours aussi longtemps pour voir bouger les choses...

 

 

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 09:11

Les vicissitudes de la gare de passage

 

Si les choses finissaient par aller bien…

 

Voyons donc, comment, dans les grandes lignes, se présente, à l’heure actuelle, cette fameuse question :

 

Clôturant l’enquête d’utilité publique, une Commission, par neuf voix contre quatre, a voté le principe de la transformation de la gare actuelle, dite terminus, en gare de passage. Le lendemain, -12 août- une seconde Commission abordait l’examen du côté financier de la question, et notamment l’établissement des surtaxes locales temporaires, qui avait fait également l’objet d’une enquête publique.

On se souvient que cette Commission se sépara en s’ajournant au 24 septembre et en décidant simplement que des démarches allaient être entreprises, d’ici là, auprès des Municipalités de Roubaix et de Tourcoing, en vue d’obtenir la participation financière de ces deux villes à la réalisation des travaux de la future gare de Lille.

On n’est donc pas d’accord sur la question d’argent.

 

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Si on le fut sur le principe même de la transformation, ce ne fut, du reste, qu’à moitié…

On fera une gare de passage. Oui, mais l’avant-projet présenté par la Compagnie du Nord est repoussé. Il faut que la Compagnie trouve une autre solution que celle qui consistait à tracer une boucle sur Saint-Maur, en bouleversant le quartier du Parc Monceau.

 

Les ingénieurs ont déjà étudié bien des plans, des combinaisons, c’est autre chose qu’il faudra  présenter :                              

 

Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage…

 

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Supposons -  c’est Supposons – c’est entièrement gratuit, n’est-ce pas ? – que toutes ces choses finissent par aller bien. Les évènements suivraient alors leur marche (à l’allure administrative, naturellement).

 

La question  financière serait élucidée dans son principe, la Compagnie soumettrait un avant-projet nouveau en tenant compte des observations faîtes par la Commission qui vota le principe. Une nouvelle Commission l’examinerait et, s’il était jugé, cette fois, en rapport avec les possibilités financières, le sanctionnerait d’un avis favorable.

 

Le Ministère, qui serait saisi du dossier, en saisirait ensuite le Parlement qui devrait voter la déclaration d’utilité publique.

 

Ensuite ? – Ensuite la Compagnie établirait un plan parcellaire déterminant des expropriations à effectuer.

 

Travail long et délicat

 

Puis ? – Puis le projet ainsi définitivement mis au point ferait l’objet d’une enquête de « commodo et incommodo ». Et enfin les travaux pourraient commencer.

 

Ils ne s’effectueraient que par tranches pour des raisons budgétaires et aussi pour que la transition entre les deux installations soit suffisamment douce pour ne gêner en quoi que ce soit le trafic du chemin de fer.

 

Combien d’années va demander l’exécution de ce programme ? Nous n’en savons absolument rien ! Nous venons de supposer que toutes les choses allaient bien. Or nous l’avons déjà dit, toutes les choses ne vont pas bien. A commencer par la plus importante de toutes : la question finances. Et celle-ci est pour le moins indispensable…

Nous rappellerons une prochaine fois les difficultés existantes.

 

J. D.

 

 

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