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20 avril 2013 6 20 /04 /avril /2013 08:17

Le Fourchon ou Arbonnoise

 

 

Au-delà de la Planche à Quesnoy, la Deûle, se divisait en deux branches. Celle qui pénètre à droite, après avoir traversé Esquermes, faisait tourner les moulins de Wazemmes, au lieu dit Rouge Porte, à l’intersection du boulevard Vauban et de la rue Nationale*, puis elle coulait dans les prairies qui faisaient partie du château de l’évêque de Tournai, laissait ce château, l’église de la paroisse et la cense St Nicolas à droite, et faisait tourner le moulin Del Saulch. Il entrait ensuite dans la ville derrière le Palais de Rihour, dont il alimentait les fossés, il activait le cours des différentes rivières intérieures et tombait enfin dans la Basse-Deûle.

 

C’était là le lit primitif de la Deûle qui n’avait pas à cette époque l’allure calme que nous lui connaissons de nos jours. Le Fourchon était alors, qui le croirait ? une sorte de torrent, et son cours rapide lui avait creusé un lit dans la craie jusqu’au niveau de l’affleurement des sources naturelles Souvent, dans les crues subites d’hiver , le fleuve minuscule débordait et inondait les champs voisins. Une tempête dans un cours d’eau ! On ne s’attendrait pas à rencontrer un torrent à Wazemmes et à Lille. C’était probablement le seul de Flandre.

 

Un grand amateur de choses lilloises nous a raconté dans des pages intéressantes les parties de plaisir de sa jeunesse, le long des cours d’eau de Wazemmes. « Jolie promenade de l’Arbonnoise ! Que de gentils souvenirs tu nous rappelles ! Tes eaux claires et limpides, tes rivages verdoyants et fleuris, tes ombrages, les cygnes nous poursuivant d’une manière menaçante et agressive, lorsque nous approchions trop près de leur retraite, tes pêcheurs lançant l’épervier ou piquant de leur trident les anguilles endormies dans la vase, nos promenades en flottille, nos barquettes chargées de jeunes gens gais comme des pinsons !...** »

 

Il ne reste rien de ces belles promenades d’antan, rien, sinon un poétique et regretté souvenir !

 

* Sur la place du maréchal Leclerc, on a retrouvé beaucoup de blocs de craie qui étaient évidemment apportés. C’était l’emplacement d’un ancien gué. On y a recueilli de nombreuses pièces de monnaie.

 

** extrait de Souvenirs lillois de Louis Legougeux.

 

extrait du livre de l'abbé Salembier (1912)

 

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Le Fourchon

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18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 23:00

suite de l'Histoire de Wazemmes

par l'Abbé Salembier (1912).

 

 

L’hydrographie trouve sa place et joue son rôle dans la naissance d’un bon nombre de villes et de villages. La nécessité de s’alimenter d’eau potable et de se grouper le long d’une rivière, autour d’une source, d’un puits profond, ou encore la facilité de communication avec les centres voisins favorisaient l’établissement définitif d’une famille ou d’une peuplade.

 

C’est ainsi que la fontaine del Saulch a pu attirer dans son voisinage nos premiers ancêtres et que la Deûle leur a fourni ce chemin liquide, cette route qui marche, dont ils avaient besoin pour se relier avec le centre qu’ils avaient quitté.

 

Plus tard, quand ils furent implantés définitivement, ils commencèrent le percement des chemins et des grandes routes qui leur procuraient une plus grande facilité dans le développement de leur vie habituelle ou de leurs opérations commerciales.

La Deûle cette rivière de 70 Km prend sa source dans le Pas de Calais, à Carency, où elle est appelée Souchez, arrose Lens, entre dans le Nord près de Bauvin, passe à Haubourdin, à Lille, où elle prend le nom de Haute-Deûle, Moyenne-Deûle, Basse-Deûle, elle reçoit les eaux de la Marque à Marquette, traverse Wambrechies et Quesnoy et se jette dans la Lys à Deûlémont.

La Deûle navigable depuis 1242 de Lille à Deûlémont fut, trente plus tard, reliée à La Bassée et canalisée jusqu’à Lille.

 

Un peu en aval de la Planche-à-Quesnoy, au Fourchon, la Deûle se divisait naturellement en deux branches. La branche se dirigeant vers le pont de Canteleu fut seule canalisée, l’autre qui descendait vers Esquermes, Wazemmes et le centre de Lille, fut laissée telle que la nature l’avait faite et prit le nom de Fourchon ou d’Arbonnoise.

 

Depuis la réunion de Lille à la France par Louis XIV et depuis la construction de la citadelle, la Deûle a subi une transformation complète aux abords de la ville. Au dernier agrandissement de 1858, on fit dévier de nouveau la rivière près du Grand-Tournant pour la relier directement à la dérivation de l’Esplanade.

 

.L’historien Buzelin loue dans un de ses chapitres la limpidité des eaux de la Deûle. Combien les habitants de ses rives souhaiteraient qu’il en fût encore ainsi ! Espérons que les réclamations très légitimes des riverains et du Consortium seront enfin écoutées. Puisse-t’on arriver à faire disparaître les nombreuses causes d’infection ! Notre rivière cessera alors d’être considérée comme un égoût à ciel ouvert, et méritera peut-être encore d’être célébrée par les Buzelins de l’avenir.

 

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La fontaine Del Saulch

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18 avril 2013 4 18 /04 /avril /2013 08:28

de l'abbé Salembier

suite...

 

 

Wazemmes perd de la superficie...


 

Cette ligne de banlieue correspondait à peu près à la rue Solférino et contenait 150 hectares.

Le 23 avril 1670, Louis XIV accorda à la ville de Lille une nouvelle banlieue qui comprenait sur Wazemmes quatre bonniers pris dans le faubourg de la Barre.

D’autre part, à sept reprises différentes, l’enceinte de Lille fut agrandie. Avant le XII° siècle, elle ne comprenait pas plus de dix hectares, soit dix fois la Grand’Place actuelle…

 

Les trois premiers agrandissements ne firent que développer l’enceinte de la ville ; mais à partir du quatrième datant de 1603, nous voyons le territoire de Wazemmes diminuer au profit de sa puissante et quelque peu avide voisine, dont chaque progrès ne fait qu’aiguiser l’appétit et préparer les voies à l’absorption totale.

 

L’agrandissement de 1603 était projeté depuis longtemps. En 1562, les échevins avaient présenté à Marguerite de Parme, régente des Pays-Bas, une requête sollicitant l’autorisation d’agrandir la ville, depuis la porte des Malades (Paris) jusqu’à celle de la Barre. Mais les troubles religieux qui survinrent firent ajourner ce projet. En 1598, sous le gouvernement des archiducs Albert et Isabelle, les échevins furent heureux d’obtenir gain de cause par une ordonnance du 4 juin 1603. Toute la partie annexée comprenait la rue Denain, les Bains Lillois, la rue Lydéric, la place Jacquart, la rue Jeanne Maillotte, la place Richebé, la rue Gombert, les squares Jussieu et Dutilleul, d’une superficie de 115 hectares, et diminuait d’autant notre commune. Les fortifications correspondantes furent achevées en six années.

 

Pour permettre à la ville d’élargir son enceinte, Michel d’Esne, évêque de Tournai, et Seigneur de Wazemmes, renonça à ses droits sur quelques terrains englobés dans le nouveau périmètre. Aussitôt des difficultés apparurent pour désigner la paroisse à laquelle appartiendrait de territoire enlevé et incorporé à Lille.

Wazemmes avait des droits incontestables, pour lever toute difficulté, l’Echevinage de Lille écrivit à l’évêque de Tournai ; il lui dit que les chemins qui conduisaient à l’église de Wazemmes étaient si fangeux qu’il était difficile d’y parvenir ; d’ailleurs il ne convenait pas que « des habitants de ville (Lille) fussent paroissiens d’une église de village (Wazemmes)». De plus il promettait de justes indemnités à la cure de Wazemmes, car il ne convenait pas que des habitants qui avaient élevé des maisons de grand prix soient paroissiens d’un village…

 

Il arriva en effet qu’en 1605, le cadavre d’un nommé Dufresne ne put être convoyé à Wazemmes à cause de l’état des chemins.

 

 

plan-Salembier.jpg

 plan dessiné par l'abbé Salembier (1912), représentant Wazemmes avant la révolution.

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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 08:17

par l'abbé Salembier (1912)

 

Suite…

 

La superficie totale du territoire de Wazemmes était de 263 hectares pour les trois faubbourgs, d’après le cadastre établi en1829.

 

Limites :

 

La commune de Wazemmes était limitée du côté de Lambersart, au Nord, par la citadelle et la Deûle jusqu’au pont de Canteleu. Du côté d’Esquermes, à l’ouest,par une ligne droite partant de ce pont, traversant le pensionnat Blanche de Castille (angle rue du Port/Nationale) rue Henri Loyer, Deschodt, Paul Lafargue.

Au Sud, un chemin qu’on appelait le chemin des Bois partait de la rue des Rogations (P. Lafargue) jusqu’à la rue d’Arras, de la rue d’Arras on côtoyait la commune de Fâches par un chemin qu’on appelait des Margueritois, qui allait jusqu’au chemin du Bas-Liévin ; on longeait alors la commune de Ronchin, depuis le chemin du Bas-Liévin jusqu’à la rue de Douai, et au-delà, en ligne droite jusqu’à la commune de Fives.

A l’Est, se trouvait la commune de Fives jusqu’aux remparts de la ville contigus à Wazemmes. (la limite avec Lille était située entre le boulevard de la Liberté et la rue Solférino actuelles. (A l’angle des rues Solférino et Gambetta, on trouve encore la plaque marquant l’entrée de la commune de Wazemmes).

Les érudits lillois pensent avec quelque raison que le territoire de Wazemmes allait vers les limites des rues Jean Roisin et de la Vieille-Comédie en suivant le cours imprécis d’un affluent de la Deûle. Il serait donc difficile d’établir une démarcation exacte entre les deux territoires. Nous verrons par la suite que ces limites se modifièrent à mesure que la ville de Lille s’agrandissait aux dépens de sa voisine.

 

Diminution du territoire :

 

Le territoire de Wazemmes a été considérablement diminué dans les derniers siècles par les agrandissements successifs de son envahissante voisine. Déjà, par son ancienne banlieue, Lille s’étendait que tout le terrain placé à proximité des remparts. En 1267, on délimita à nouveau l’enceinte de la ville avec l’approbation de la comtesse marguerite. Cette délimitation hors la porte de Saint-Pierre partait d’un endroit appelé l’Epine et suivait un chemin se dirigeant vers Beaurepaire jusqu’au petit pont de pierre par lequel on va à Lambersart.

 

De ce point, la limite allait au Moulin du Buquet dont les remaniements opérés par Vauban ont fait disparaître toute trace, et de là au Moulin del Saulch situé sur le Fourchon. Elle suivait alors un chemin de terre aboutissant au grand chemin vers Loos, devenu de nos jours rue Léon Gambetta, passait à la croix au-delà des malades qui est sur le chemin allant à Douai.

Ce point devait se trouver à l’ancienne bifurcation des rues de Douai et d’Arras, vers l’extrémité du boulevard des écoles (J. B. Lebas). De la croix des malades elle se dirigeait vers la croix hors Fives.

Cette ligne de banlieue correspondait à peu près à la rue Solférino actuelle et contenait environ 150 hectares.

 

A suivre

 

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Blason de Wazemmes, figurant sur le clocher de St Pierre St Paul.

c'est le blason de l'évêque de Tournai, qui était aussi évêque de Wazemmes jusqu'à la révolution

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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 08:13

 

d'après l'abbé Salembier 1912   

 

 

L'origine du nom de Wazemmes

 


Wazemmes, tire son nom de deux mots germaniques : Was, qui signifie : Marais, et Hem, qui signifie : Maison, demeure. Wazemmes était donc primitivement une terre marécageuse sur laquelle étaient construites des habitations.

 

Orthographe : Dans le cours des siècles, le nom de Wazemmes a été orthographié de différentes manières. En latin, on l’écrivait : apud Wasemias (1066 et 1202), de Wasemiis (1195). En français, c’était Wasemmes (1144 et 1341), Wasemes (1215), Wassemmes (1300), Wasennes (1452).

Bien souvent, durant le XVII° siècle et surtout le XVIII° , on orthographiait Wazenne ; mais à partir du XIX° siècle on écrivit Wazemmes, comme on le fait encore aujourd’hui.

 

Composition du sol :

Un géologue distingué, l’abbé Delépine, docteur es sciences aux facultés catholiques de Lille nous renseigne sur le sol de Wazemmes et de Lille :

Sur un fond constitué par la craie blanche, recouverte par des sables et argiles tertiaires, des cours d’eau se sont établis. Ils ont raviné la surface du sol, laissant subsister, seulement au Nord et à l’Ouest de la ville des lambeaux du terrain de tertiaire. Par contre ils charriaient et déposaient dans toute la région des séries successives de graviers, sables et limons. Ces dépôts ont constitué un manteau d’alluvions largement étalées, recouvrant la craie de la région de Lille.

 

A la surface du sol ainsi formé, une rivière s’est établie qui est devenue la Deûle et qui a effectué elle-même, au cours des périodes historiques, un double travail de creusement et de remblaiement ; elle a d’abord raviné et parfois enlevé jusqu’à la craie la nappe d’alluvions anciennes. Ainsi fut creusée une dépression qui traverse en écharpe la moitié occidentale de la ville et se dirige du sud-ouest au nord-est.

 

Dans la suite, cette dépression s’est comblée peu à peu : la tourbe s’est développée par endroits, formant avec le limon déposé par le cours d’eau une argile tourbeuse dont les couches alternent avec des cordons de sable et de galets de craie. Limons, tourbe, sable constituent par leur ensemble un sol d’alluvions dites modernes (ou holocènes). Le lit de la Deûle n’occupe plus qu’une portion réduite de son ancienne vallée.

 

Dans ces conditions, toute la partie occidentale de Wazemmes, comprenant le faubourg de la Barre et une partie du faubourg Notre-dame jusqu’à l’église St Pierre St Paul, serait située dans cette zone transversale dont le sol est formé par les alluvions modernes.*   L’autre partie de la commune reposerait sur les alluvions anciennes.

 

14-04-2013-1727-06-copie-1.jpg

* allure de la zone des alluvions modernes à Lille.

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 08:17

Filatures Wallaert Frères – LILLE

 

La maison Wallaert Frères date de 1815, et a son siège social à Lille. Transmise depuis cette époque de Père en Fils, elle reste toujours la propriété des descendants directs des fondateurs.

 

Elle exploite aujourd’hui, sous la marque W. F. de nombreux établissements travaillant coton et lin dont voici la nomenclature :

 

- Industrie du Coton :

 

Trois filatures à Lille, comprenant ensemble 106.000 broches :

Retorderie à Lille, comprenant 75.000 broches.

Manufacture de coton à coudre, blanchisserie de fils,

Teinturerie, glaçage, mercerisage, cartonnage, à Santes

 

- Industries du Lin :

 

Industrie de Toiles, à Lille ; tissage de linge de table, à Halluin.

Crémage de fils, à Santes, 2 ateliers de confections, à Lille et à Santes.

Maisons de vente : Lille, Paris, Bruxelles, Buenos-Ayres

et nombreuses agences à l’exportation.

 

Le personnel des établissements est d’environ 2.700 ouvriers et ou ouvrières répartis dans les diverses usines de Santes, Lille et Halluin ; dans  ce personnel ne sont pas compris les employés, représentants et voyageurs occupés à la vente, soit en France, soit à l’étranger.

La majeure partie du personnel est ancien, comme l’atteste le nombre de médaillés :

 

- Médaillés du Commerce, 127 ; médailles de la Société des Sciences, 27 ; médaillés du Comité Linier, 41 ; médaillés de la Société Industrielle, 5.

 

La maison a obtenu les plus hautes récompenses dans toutes les expositions, voici ses principaux titres :

 

Paris, 1807 : médaille d’or ; Paris 1878, rappel de médaille d’or ; Amsterdam, 1882,

médaille d’or ; Paris, 1889,  hors concours, membre’ du jury de la classe 30 ;

Paris, 1900, 2 grands prix.

 

Pour actionner ces établissements, il existait en 1914 de nombreuses machines à vapeur dont la force totale atteignait 4.000 chevaux. Par suite de la guerre, trois machines seulement ont pu être remises en état et le complément de la force utile provient des différents secteurs d’énergie électrique.

 

La maison Wallaert Frères a été l’une des plus éprouvées par la guerre. Les filatures et retorderies furent complètement démolies par l’explosion d’un dépôt de munitions, le 11 janvier 1916, (explosion des dix-huit ponts), et les usines de Santes et Halluin, qui se trouvaient près du front, furent entièrement vidées et les bâtiments en partie démolis.

 

Actuellement (1923), toutes ces usines sont reconstituées comme avant la guerre, et le matériel fonctionne au complet.

 

 

                                                                                                                                                                                               suite...

 

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le squelette de la retorderie après l'explosion

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 08:13

Le Saccage des filatures de Lille

 

Les Allemands connaissaient la renommée des filatures de coton de Lille et ce sont des spécialistes qui, dès l’envahissement viennent réquisitionner d’abord les matières premières, puis les matières finies et enfin même les matières en cours de fabrication. Ils en enlèvent pour 60 à 70 millions de francs (valeur 1914).

 

Mais les marchandises ne leur suffisent pas, il leur faut bientôt des métiers et ce sont les filateurs d’Allemagne et d’Autriche qui viennent eux-mêmes désigner les les machines qui seront démontées avec le plus grand soin et expédiées chez eux.

 

Un pressant besoin de cuivre et de bronze les pousse aussi à enlever tout ce qu’ils peuvent en trouver : coussinets de transmission, collets de broches, platines de cuivre, etc… Quelque fois le filateur arrive à obtenir que ces pièces soient enlevées avec soin, dévissées, mais la plupart du temps, elles sont violemment arrachées, ce qui rendra les réparations très difficiles.

Enfin, l’explosion formidable dite des « Dix-Huits ponts » vient détruire complètement plusieurs filatures et endommager plusieurs autres : il y aura, en fin de compte : 10 à 15 millions de dégâts (valeur 1914), rien qu’aux bâtiments.

 

‘est le commencement du pillage : non contents d’enlever les métiers brisés, les Allemands font jeter par les fenêtres même les machines qui n’ont subi aucun dégât, et on peut citer des filatures où des métiers neufs, à peine montés, sont brisés avec le reste.

 

Des centaines de tonnes de matériel gisent de-ci de-là ; parfois on envoie toute cette mitraille à Essen, parfois on le laisse sur place et le seul but réel de ces destructions est de supprimer des concurrents.

 

Résultat : à la fin de la guerre, on ne retrouve plus à Lille que 20 % des broches intactes ; 30 % ont été partiellement détruites et 50 % totalement détruites. Ces destructions ont été évaluées à près de 50 millions (valeur 1914).

 

On aurait pu croire que c’en était fait de la filature de coton à Lille : les Allemands l’avaient espérés ! Nous allons voir l’effort qui a été donné pour faire échouer leur plan. La guerre n’était pas finie que déjà certains filateurs renseignés sur l’étendue de leurs sinistres avaient, sans plus tarder, remis leurs commandes aux constructeurs.

 

En tout cas, dès l’évacuation des Allemands, on se met courageusement à l’œuvre, et avec l’aide du 1er secteur de la Reconstruction Industrielle, les travaux commencent partout.

 

L’effort se porte d’abord sur les usines les moins abîmées, de façon à pouvoir rendre du travail au plus grand nombre d’ouvriers possible, si bien qu’au 1er novembre 1919, vingt établissements étaient en marche, avec 499.044 broches à filer et 182.210 broches à retordre. La production était revenue au tiers de ce qu’elle était en 1914.

 

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Une équipe de prisonniers allemands travaillant au déblaiement des ruines, après l'armistice.

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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 08:11

La crise de la filature du coton

 

suite

La disette de coton en 1860 marque l’origine d’une crise sans précédent aggravée bientôt par de très mauvais traités de commerce, la filature française toute entière en souffre, mais la filature de Lille est particulièrement touchée et menace d’entraîner dans sa chute les manufactures de tulles et dentelles de Lille, Calais et Caudry.

 

Après le chômage viennent les liquidations, et en 1869 il ne reste dans le groupe industriel de Lille que 26 filatures avec 349.556 broches en activité. Les trois millions de salaires qu’on payait en 1860 se trouvent réduits en 1869 à 1.600.000 francs et les ouvriers fileurs doivent pour gagner leur vie, prendre des emplois de terrassiers, manœuvres et maçons.

 

Pendant ce temps, les importations de fils et tissus qui étaient de 2 millions en 1859 arrivent au chiffre énorme de 124 millions. Avec le recul de l’histoire on s’étonne qu’il ait fallu plus de 30 années de luttes incessantes pour que les manufacturiers du Nord obtiennent enfin un peu plus de protection avec le tarif de 1892.

 

La filature de Lille épuisée va immédiatement reprendre vie et son essor est favorisé par les progrès du machinisme, par les inventions nouvelles telles que le mercerisage du coton, par l’emploi  de plus en plus répandu des fils à coudre en coton, enfin par le bon marché du coton comparativement aux autres textiles.

Ces chiffres vont encore en augmentant jusqu’à la guerre puisque nous arrivons en 1914 à 1.436.938 b roches à filer et  644.524 broches à retordre.

 

Aussi en 1900 trouvons-nous à Lille 1.035.758 broches à filer et 372.202 broches à retordre. La filature de coton devient alors la plus importante industrie à Lille : elle fait un chiffre annuel de plus de 100 millions et groupe 15.000 ouvriers qui reçoivent plus de 15 millions de salaire.

 

Les œuvres sociales et philanthropiques sont nombreuses : maisons ouvrières, crèches, orphelinats, caisses d’épargne, sociétés de secours mutuels, retraites aux anciens ouvriers, éducation ménagère, achats à bon marché, secours en cas de maladie, de décès, etc…

 

Nous sommes loin de la fabrication sur la jenny ou le rouet : la filature de coton de Lille produit maintenant les genres de filés les plus divers. Sa production s’étend des numéros les plus gros, comme ceux provenant de la carde fileuse, aux numéros les plus fins (300 à 400 mètres à la livre) servant à la fabrication des dentelles. Elle emploie les cotons de toutes les provenances.

 

12-04-2013-1128-14.jpg

 

 

G. Delebart-Mallet, président d'honneur du syndicat des Filateurs et Retordeurs de Lille,

Président du C.A. des Filatures Mallet Fils (Cl. G. L. Manuel Frères)

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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 08:19

La Filature de coton à Lille

 

La fabrication des fils de coton remonte à la plus haute Antiquité. Pendant longtemps on ne fila qu’à l’aide du fuseau et du rouet, aussi ce n’est qu’au XVIII° siècle  qu’apparaissent à Lille les premières manufactures : jusque là on avait du se contenter de confectionner uniquement des gros fils de trame.

 

Entre 1760 et 1770 furent successivement inventés en Angleterre  la « jenny » (rouet de 6 broches)  et le « mull jenny » (combinaison de la jenny avec un appareil d’étirage).

 

Ces « mécaniques »  introduites en France y sont imitées et perfectionnées, puisqu’on arrive en 1801 à les doter de 40, 50,60 et quelquefois 70 à 80 broches. En même temps, les ouvriers sont devenus plus habiles et obtiennent des numéros plus fins, si bien qu’en 1801 on arrive déjà à filer dans le département du Nord 500.000 kilos de coton avec le concours de 9.000 ouvriers des 2 sexes qui reçoivent 735.413 francs de salaires.

 

A Lille même il y a en 1810 22 filatures comprenant 207 métiers mull jenny avec 39.570 broches, 20 métiers continus avec 1.700 broches et 10.000 petites jenny de 60 broches : ces filatures occupent 1.445 ouvriers.

 

Les métiers sont actionnés par une manivelle qu’un homme placé au bout du métier fait tourner à la main. Quelques filateurs ont aussi des manèges actionnés par un cheval, manèges analogues à ceux qu’on rencontre encore dans les fermes, mais ce système n’est pas très répandu.

 

En 1818 est installée la première machine à vapeur, appelée alors « pompe à feu ». Cette date fait époque dans la filature de coton, car la machine à vapeur va permettre d’augmenter la production, tout en diminuant la fatigue de l’ouvrier. En même temps le nombre des filatures décroît tandis que les usines deviennent plus importantes. Ainsi les 86 filatures qui existent à Lille en 1817 n’ont pas 100.000 broches, tandis que les 50 filatures de 1832 en possèdent près de 200.000.

 

Ce nombre ne suffit plus pour la consommation : en 1849 : 27 filatures avec 231.000 broches.

En 1856 : 39 filatures avec 370.630 broches – En 1859 : 43 filatures avec 501.224 broches à filer et 14 retorderies avec 202.567 broches à retordre.

 

La filature de coton offrant dès cette époque beaucoup d’emplois qui n’exigent aucune force musculaire, les femmes et les enfants sont souvent employés dans ce manufactures, et il n’est pas rare en 1860 de rencontrer à Lille des familles où le père, la mère et les enfants travaillent ensemble faisant de la filature, l’industrie familiale par excellence.

 

Cet esprit de famille existe également entre la direction et le personnel grâce aux organisations de bienfaisance instituées dès 1849, telles que caisses de secours, caisses de retraites, etc.

 

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salle retorderie

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 08:14

 

suite

 

 

Dès l’invasion, l’Allemagne qui se flattait de ruiner l’industrie linière, met son projet à exécution.

 

Sans hésitation, elle organise la destruction  systématique des filatures de lin. Des équipes spéciales, détachées d’organisations officielles, dont le pillage, la réquisition forcée, la destruction de toute richesse étaient l’objet, visitent les usines. Le matériel minutieusement inventorié fut rangé en trois catégories distinctes :

 

-         Les machines de construction récente.

-         Celles en bon état de marche.

-         L’outillage moins bon.

 

Ce matériel, consigné avec soin, fut catalogué, puis cédé aux industriels allemands des Empires centraux intéressés  et aux neutres bienveillants. Les machines qui n’eurent pas d’acquéreurs furent, ou réduites en mitrailles et expédiées aux fonderies d’obus, ou dépouillées de leurs éléments de cuivre , avec une brutalité voisine de la destruction…

 

Vint octobre 1918 – Le recul allemand laisse la filature de lin complètement anéantie. Sans perdre de temps, les filateurs groupés dans le comité corporatif de la filature de lin recourent au Comptoir Central d’Achats, fondé par le gouvernement pour la reconstitution des régions envahies et, dès le 18 octobre 1918, ce Comptoir s’assure par contrat la fourniture par les constructeurs spécialistes anglais, du matériel nécessaire à la mise en production de 150.000 broches.

 

Les filateurs lillois d’autre part, par leurs propres moyens, commandent du nouveau matériel, et par le secours des auxiliaires locaux de leur industrie, réparent le peu de matériel restant et abîmé par le marteau des décuivreurs.

 

Les Services de la restitution et de la reconstruction industrielles du Ministère des Régions libérées, les missions militaires de recherches en Allemagne, en Tchéco-Slovaquie et ailleurs, retrouvent et identifient, récupèrent une grande partie du matériel enlevé par l’Allemagne.

 

Si bien qu’aux premiers jours de 1923, la filature reconstituée possède plus de 400.000 broches, soit les deux tiers de l’effectif d’avant-guerre. Résultat remarquable si l’on considère les difficultés qu’il fallut vaincre pour l’obtenir.

 

En outre, sa production lui permet d’alimenter tout le tissage national et d’exporter une partie de ses fils secs et mouillés si réputés, dans les plus fins et plus gros numéros*

 

                                                                                                                                     A suivre…

 

Le Monde Illustré, juin 1923

67° année

 

* 40 gros fil, 400 fil très fin

 

 

10-04-2013-1650-26.jpg

 

                                                                          l'état d'une usine à la fin de la guerre

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